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GreenGo, We Go GreenR, MooVert : que valent les « Airbnb » écoresponsables ?
Une grande partie des Français passent par le web pour réserver leur logement de vacances. Si Airbnb est la première plateforme en termes de notoriété, il en existe de nombreuses autres. Dont certaines qui ne proposent que des hébergements écoresponsables. Avec la promesse de réduire l’impact carbone de son séjour, sans se ruiner. Tour d’horizon avec trois d’entre elles : GreenGo, We Go GreenR et MooVert.
Alors que les vacances scolaires pointent à l’horizon, de nombreux Français ont déjà pris les devants et organisé leur séjour. Notamment leur hébergement. Beaucoup sont pour cela passés par une plateforme de réservation en ligne. Il est vrai qu’en la matière, le choix ne manque pas. Si les mastodontes du secteur – AirBnb, Booking, Abritel pour ne citer qu’elles – raflent une grande partie de la clientèle, d’autres cherchent à se faire une place au soleil. Et misent pour cela sur une offre « écoresponsable » ou « durable ». C’est-à-dire « des hébergements ayant un label environnemental ou s’ils ne sont pas encore passés par la case labellisation qui ont néanmoins mis en place des initiatives durables », explique Marie-Pierre Schaubroeck, cofondatrice de We Go GreenR.

Une note en guise d’évaluation
Voir son annonce publiée sur l’une de ces plateformes n’est pas automatique, comme c’est le cas sur les « majors ». Il faut d’abord répondre à un questionnaire. Sur MooVert, « il se compose de 74 questions qui permettent d’obtenir un « scoring » (ndlr : une note), échelonné de 1 à 5. C’est en fait une photographie de l’aspect écoresponsable et authentique des hébergements qui montre s’ils sont prêts à rentrer dans notre collection de lieux », indique son fondateur, Pier Tognazzini. GreenGo évalue 113 critères et We Go GreenR 300. Avec respectivement à la clé un « éco-score » et un « greenscore ».
Si le détail des éléments à renseigner varie d’une plateforme à l’autre, les mêmes catégories reviennent globalement. À savoir tout ce qui a trait à la consommation et gestion de l’eau et de l’énergie, le traitement des déchets, la politique d’achats ou de restauration sur place, le caractère écologique du bâti ou encore les engagements RSE.
S’il suffit de décrocher un « 1/5 » pour pouvoir déposer son annonce sur We Go GreenR, le seuil est plus élevé sur MooVert, qui le fixe à 3/5. « Une note de “1” sur notre plateforme correspond déjà à une démarche très engagée. C’est celle attribuée à un hébergement labellisé qui s’est contenté du minimum pour obtenir la labellisation », affirme Marie-Pierre Schaubroeck. Par contre, il n’y a pas de note éliminatoire sur GreenGo. « On avait à l’origine instauré des critères rédhibitoires, par exemple le fait d’avoir une chaudière au fioul. Mais on s’est rendu compte que ça ne fonctionnait pas bien », estime son directeur général, Guillaume Jouffre. Malgré cette souplesse, la note environnementale moyenne des hébergements sur sa plateforme n’en demeure pas moins élevée, à 4,76/5 selon ses chiffres.
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Question de confiance
En plus de cette note, les internautes peuvent se faire un avis sur la démarche environnementale des hébergeurs en consultant la liste des mesures mises en place dans leur logement. Elle est généralement précisée dans les annonces bien que, sur MooVert, certaines manquent de détails. « Des hébergeurs sont très attentifs à mettre en avant dans leur texte et leurs images ce qu’ils font. D’autres moins et on doit les accompagner pour qu’ils le fassent », reconnaît Pier Tognazzini.
Mais comment s’assurer qu’ils sont honnêtes ? We Go GreenR et GreenGo ont opté pour le questionnaire post-séjour. Et comptent ainsi sur la confiance des consommateurs. Pour garantir aux internautes la véracité des informations avancées par les hébergeurs, MooVert va plus loin et procède à une vérification en trois étapes. « On demande les factures des travaux réalisés et l’équipe se rend de façon aléatoire sur les lieux. Les voyageurs sont également mis à contribution à la fin de leur séjour », énumère Pier Tognazzini.

Se loger à tous les prix
L’un des principaux critères de sélection des vacanciers reste néanmoins le prix. La variété des propositions fait qu’il y en a pour toutes les bourses et toutes les envies. Même les plus petits budgets pourront trouver leur bonheur, comme une nuitée à moins de 50 euros. Il faudra par contre accepter des conditions forcément plus sommaires (surface réduite, chambre à coucher sans pièce à vivre…), à l’instar de n’importe quelle offre hôtelière ou d’une plateforme traditionnelle en somme. « On a comparé plusieurs fois des hébergements de notre plateforme avec d’autres situés dans la même zone géographique, ayant le même niveau de confort et acceptant le même nombre de personnes. On n’a jamais constaté d’écart », expose Marie-Pierre Schaubroeck.
Ce qui pourrait en revanche freiner les internautes, c’est le peu d’offres disponibles sur ces plateformes. Environ 1 000 hébergements partout en France sur We Go GreenR, 550 sur MooVert. Davantage pour GreenGo avec plus de 13 000 logements. Cela reste cependant une goutte d’eau face aux 500 000 du géant Airbnb. L’objectif des plateformes est justement de développer leur panel, mais pas n’importe comment. « On cherche le juste équilibre entre proposer plus d’annonces tout en conservant l’aspect qualitatif et écoresponsable », glisse Guillaume Jouffre. Loin d’être évident pour le moment.
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Tirer l’offre vers le haut
Conscientes de cette problématique, les plateformes interrogées ont toutes mis en place un programme d’accompagnement à destination des hébergeurs. Concrètement, chacune leur propose de les aider à se lancer dans une démarche écoresponsable, en dressant leur bilan et un plan d’action de mesures concrètes à instaurer. Voire de les mettre en relation avec des prestataires. GreenGo rend ce service accessible gratuitement à ses hébergeurs quand We Go GreenR et MooVert ont choisi de le rendre payant. Une source de revenus indispensable à leur survie, en parallèle d’une commission appliquée sur chaque séjour, variant de 10% à 15%.
En plus de générer du chiffre d’affaires, ce service tire l’offre vers le haut. « Plus on arrivera à démocratiser les séjours durables, plus on embarquera un nombre de voyageurs importants », estime Marie-Pierre Schaubroeck. Un avis partagé par Pier Tognazzini, qui voit même plus large. « C’est tout l’écosystème du tourisme qui doit travailler ensemble : les entreprises privées, les acteurs institutionnels et le monde associatif. C’est comme ça qu’on arrivera à faire de la France la première destination touristique durable au monde ». Une ambition portée par le gouvernement à l’horizon 2030. Nul doute que le secteur n’a pas fini d’évoluer. ♦
Bonus
- Booking contraint de supprimer son badge « Voyage durable » – À partir de 2021, la plateforme avait mis en place un système de « feuilles vertes » attribuées aux hébergements faisant des efforts de durabilité. Du greenwashing aux yeux de l’Autorité néerlandaise des consommateurs et des marchés (ACM) qui l’a sommé d’arrêter d’utiliser ce système, comme l’a expliqué le journal Le Figaro.
- Entre vouloir voyager plus « vert » et le faire, il y a encore un fossé – Les Français, à l’instar des Européens, ont une conscience écologique bien présente mais qui ne révolutionne pas encore leurs pratiques et habitudes de voyage. C’est ce qui ressort de la 23e édition du « Baromètre annuel des Vacances» réalisé par Ipsos pour Europ Assistance. Ainsi, « plus de 8 Français sur 10 sont prêts à ne pas gaspiller les ressources locales, à réduire leurs déchets, à soutenir l’économie locale et à éviter les activités nocives pour l’environnement ou la société ». Or, dans les faits, « seulement entre 51% et 62% pratiquent ces recommandations en vacances ».