Grâce aux jeux vidéo, des compétences utiles dans la vraie vie

La première « Gaming house de l’insertion » de France a vu le jour il y a près de deux ans, en Provence. Une initiative de la Mission locale du Pays d’Aix pour casser les traditionnels codes de l’accompagnement à l’insertion professionnelle des jeunes. L’équipe s’appuie ainsi non seulement sur l’univers des jeux vidéo, mais aussi du sport et du numérique. Un concept innovant qui se multiplie désormais dans tout le pays.

C’est un local qui d’extérieur ne paye pas de mine, au sud du quartier d’Encagnane, à Aix-en-Provence. En revanche, une fois sa porte passée, on se croirait dans un cybercafé digne des années 2000, la modernité en plus. Six ordinateurs de gaming – adaptés à la pratique du jeu vidéo – y sont alignés, prêts à démarrer une partie de Fortnite ou de League of Legends (lire bonus). À leurs côtés, une PlayStation et une Nintendo Switch promettent des matchs endiablés sur Fifa et des courses effrénées sur Mario Kart.

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Ça ne se voit pas de prime abord – et c’est clairement volontaire – mais ces 100 m² sont gérés par la Mission locale du Pays d’Aix. Cette structure institutionnelle a pour rôle d’aider les 16-25 ans rencontrant des problématiques (liées à l’emploi, la formation, la santé ou le logement) d’insertion dans la vie professionnelle. Et a pour cela a choisi d’innover en utilisant les jeux vidéo, au sein de cette « Gaming house de l’insertion » ouverte depuis fin 2022. « En jouant, on développe des compétences transposables et utiles dans la vie personnelle et professionnelle. Comme la gestion du stress, la prise de décision, la capacité d’adaptation, l’anticipation… C’est ce dont on cherche à faire prendre conscience, aux jeunes et aux entreprises », explique Mathias Davy, directeur de la Mission locale du Pays d’Aix et initiateur de ce projet.

Le sport et le digital aussi piliers

La GHINS – à prononcer « djins », qui signifie d’ailleurs « génie » en arabe – est toutefois loin d’être un repère de geeks. Le sport et le numérique y ont également une place prépondérante. « Le sport, à l’instar du jeu vidéo, permet de se rendre compte des compétences que l’on a. Et puisque les nouvelles générations ont des appétences et maîtrisent naturellement le digital, on veut les aider à s’améliorer là-dessus », ajoute Mathias Davy.

Concrètement, des groupes de six jeunes intègrent la Gaming house de l’insertion pour un parcours de deux semaines. Chaque après-midi, ils y suivent deux ateliers aux thématiques variées. Celui sur les jeux vidéo, par exemple, permet d’analyser leur comportement. Chacun repart ensuite avec un détail des compétences qu’il a mobilisées pendant la session et une note sur 10 pour savoir où il peut s’améliorer. Avec l’atelier numérique, ils découvrent et expérimentent des outils, comme une plateforme de création de CV ou de montage vidéo. Quant au sport, chacun dispose d’un programme adapté avec des exercices alternant cardio et renforcement musculaire, à réaliser seul ou en groupe avec les différentes machines dont est équipé le local.

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Des rencontres inspirantes

En parallèle, plusieurs rencontres jalonnent ces deux semaines. La GHINS s’est entourée d’un réseau d’ambassadrices et ambassadeurs. Dont Muriel Hurtis, ancienne athlète spécialiste du sprint, Hugo Gedio, entrepreneur et conférencier e-sport ou encore Noémie Ferraud, joueuse professionnelle et championne du monde 2023 du jeu Fortnite sous son pseudonyme « Massilia ». Chacun vient bénévolement parler avec les jeunes de sa vie et de son parcours. De belles sources d’inspiration et l’occasion de leur montrer qu’il n’y a pas de voie toute tracée, sans obstacle.

Nul besoin d’ailleurs de viser une carrière dans les jeux vidéo, le sport ou le numérique pour intégrer le programme. Indifférent à l’univers du gaming, Karim recherche un poste dans le bâtiment, fort de son CAP menuiserie en poche. Idem pour Hana, à l’aube de démarrer une formation de technico-commerciale. Leur passage ici est un moyen « d’acquérir des connaissances qui pourraient servir plus tard » pour lui, « de ne pas rester sans rien faire » pour elle. A contrario, Dylan, Maxime et Marius, passionnés de jeux vidéo, aimeraient bien travailler dans ce domaine. « J’espère que mon passage ici sera une porte d’entrée », glisse ce dernier, du haut de ses 21 ans.

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Une initiative qui fait des émules

À la surprise de Mathias Davy, son projet de Gaming house de l’insertion n’est pas passé inaperçu dans le monde des missions locales. Plusieurs ont été séduites par l’initiative et ont ouvert la leur. À l’instar de Carcassonne (Aude), Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) et tout récemment, depuis le 11 septembre, Montpellier (Gard). Et ce n’est que le début. « D’ici la fin de l’année, il devrait y en avoir une dizaine au total. D’autres verront le jour à Salon-de-Provence, Hyères ou encore Cannes », indique le directeur de la structure aixoise.

Du côté d’Aix-en-Provence en tout cas, le bilan se révèle positif après quasiment deux ans de plein exercice. « Le plus gros intérêt est le lien qu’on a créé avec les jeunes, ceux du programme, comme du quartier. C’est quelque chose que peu d’institutions arrivent à faire », estime-t-il. Il est vrai qu’ici, le local est ouvert à tous.

Véritable lieu de vie

En dehors des après-midi dédiés aux jeunes du programme, l’entrée de la GHINS est en effet libre. Les matins et soirs de la semaine ainsi que le samedi, chacun peut y profiter gratuitement de son matériel. « La plupart sont des collégiens », précise Christopher, à la double casquette d’animateur du lieu et coach sportif. Quand l’affluence est importante, il veille à ce que les manettes et souris tournent d’une main à l’autre. « Très souvent ils le font d’eux-mêmes et s’arrangent seuls », sourit-il.

L’équipe profite de ces plages horaires pour organiser des tournois de jeux vidéo. Des événements où sont également conviés parents et adultes. Plus qu’un tremplin pour l’insertion des jeunes, la Gaming house de l’insertion s’est imposée comme un véritable lieu de cohésion du quartier. ♦

Bonus

• Une communication léchée – La Gaming house de l’insertion a son propre logo, un lion au design soigné. Il tire son origine de la mascotte de la mission locale baptisée « Milo » – sachant que le lion est l’emblème de la ville d’Aix. L’équipe a aussi créé un maillot, distribué à chaque jeune qui rentre dans le parcours. « Ça permet de renforcer le sentiment d’appartenance et de cohésion entre les jeunes. De montrer que tous font partie de la même équipe », souligne Mathias Davy. Ainsi que de valoriser les partenaires du projet. La GHINS recherche d’ailleurs en permanence de nouveaux mécènes et sponsors. Intéressé ? Contactez l’équipe : 06 14 79 62 44 ou accueil@ml-pa.org
• Encagnane, un quartier en mutation – Ses 4 200 habitations ont été érigées dans les années 1960, entre les autoroutes A8/A51 et le centre-ville d’Aix. Elles répondaient alors « à un besoin urgent de nouveaux logements causé par une hausse soudaine de la population et une forte urbanisation », peut-on lire dans un article de Marsactu. C’est actuellement l’un des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Il fait l’objet depuis 2021 d’un projet de rénovation urbaine qui devrait s’achever en 2028. Plus d’infos en cliquant ici.
• Fornite et League of Legends, kézako ? Fortnite est un jeu de survie en ligne gratuit dans un style de dessin cartoonesque où le but est d’être le dernier à rester sur une île. Quant à League of Legends, ce jeu permet à des joueurs de s’affronter en équipe et en ligne, lors de combats prenant place dans un univers fantastique. Ils font tous les deux partie du « top 10 » des jeux les plus joués en 2023, selon le cabinet d’analyse Newzoo.