Édène, proposition de théâtre-causerie. Le livre : une voie d’émancipation ?

[au fait !] Proposée par La Criée, à Marseille, la nouvelle pièce d’Alice Zeniter, Édène, traite de la violence de classe, d’amours contrariées, de la précarité des auteurs. Mais aussi de l’émancipation par l’écriture. Marcelle s’associe à la dernière représentation, venez !

Alice Zéniter*, l’autrice de « L’art de perdre » (2017), qui a obtenu le Goncourt des lycéens, revient avec « Édène » (2024). Le prénom de l’héroïne de son roman, Édène, fait écho au chef-d’œuvre de Jack London, Martin Eden. Adossée aux questions que pose ce roman écrit en 1909, Alice Zeniter en propose une version contemporaine. La Bretagne a remplacé la Californie. Et Édène, une jeune femme noire besogneuse, Martin, le marin né dans les bas-fonds et l’ignorance. La pièce de théâtre est jouée à La Criée à Marseille, avant une belle tournée en France. 

Du rêve à l’émancipation

De condition modeste, Édène lit tout ce qui lui tombe sous la main. Les ouvrages dénichés dans les logements qu’elle occupe, les boîtes à livres publiques et les étals des marchés. La rencontre fortuite avec une jeune fille bien née, issue d’une famille bourgeoise cultivée, va changer son existence : Édène passera du rêve à l’émancipation. Son parcours, qui débute par un désir de s’instruire, la conduit à entrevoir un futur littéraire. Dès lors, elle est déterminée à écrire un chef-d’œuvre, en dépit de son milieu social, de sa condition précaire, du mépris des autres et de la fatigue. L’obstinée s’épuise la journée à la blanchisserie de l’abattoir, où elle travaille pour payer son loyer. Et consacre la nuit à l’écriture. Elle est habitée par la littérature, mais surtout par Rose, sœur de son amie bien née, dont Édène veut conquérir le cœur. À travers cette quête de l’amour, elle va découvrir celui de l’écriture. Or, un livre pourrait-il permettre à « une personne qui joue du violon » d’aimer « une personne qui lave le sang de porc sur des vêtements » ? 

Lecture et écriture : une voie d’émancipation ?

Quelle est la légitimité d’Édène ? D’où vient cette conviction qu’elle peut devenir écrivaine alors même que son milieu social d’origine semble l’interdire ? Est-il possible de produire du beau lorsque l’on vend sa force de travail dans des conditions épuisantes ? 

⇒ Dimanche 1er décembre 2024, la représentation à La Criée sera suivie d’une rencontre autour de la question de l‘émancipation par la lecture et l’écriture. Avec Alice Zeniter et trois animateurs de la Bibliothèque de rue d’ATD Quart Monde. Cette association vise à combattre l’exclusion en favorisant l’accès à la lecture. À Marseille, elle intervient ainsi auprès de deux publics : les enfants d’une cité d’un quartier prioritaire, dans le 15e, et des enfants Roms dans un squat.

⇒ Tarif préférentiel « amis de Marcelle » (attention, il ne reste que dix places) : 19 euros plein tarif (au lieu de 26 euros), 6 et 9 euros tarifs réduits. Représentation à 16 heures (durée 2 h 15) Inscription avec ce lien. 

*Romancière, traductrice, scénariste, dramaturge, Alice Zeniter est également auteure et metteuse en scène de théâtre. Elle questionne les inégalités contemporaines, la politique, la guerre, le racisme, la colonisation et le féminisme.

Édène est un spectacle coproduit et accueilli en résidence par La Criée. En 2023, le théâtre national de Marseille avait accueilli son précédent spectacle, « Je suis une fille sans histoire ».