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Les Archives innovent pour attirer de nouveaux publics
Les mairies ont l’obligation de conserver et de communiquer leurs archives aux citoyens. Reste que ces précieux documents souffrent d’une image peu attractive, souvent considérés par la population, à tort, comme de « vieux tas de papiers qui ne servent à rien ». Pour démontrer le contraire, les Archives municipales de Marseille multiplient les propositions entre expositions, prêts de livres, escape game… Une façon d’attirer un public différent de leurs habituels chercheurs et étudiants, pour que chacun accède à l’histoire de sa ville.
Jusqu’à la fin du mois d’avril, une exposition retrace le centenaire de la reconstruction de l’opéra de Marseille. Car ce qui était auparavant connu sous le nom de Grand Théâtre municipal, a été dévasté par un incendie en 1919. Seuls les murs sont restés debout, créant une friche au cœur du centre-ville et privant les Marseillais d’un lieu de sortie apprécié. Décision est alors prise de le rebâtir à l’identique, avec un théâtre à l’italienne. Mais c’est finalement un bâtiment de style Art déco qui sera inauguré cinq ans plus tard. Depuis, il ne cesse d’accueillir les spectacles – opéras, théâtres, concert, danse – et attire plus de 200 000 personnes par saison.
Une histoire à (re)découvrir non pas dans un musée, mais aux Archives municipales, qui conservent les mémoires de l’opéra (lire bonus). « On avait pléthore de documents à notre disposition. Dont pas moins de 600 plans sur le seul projet de reconstruction. Il a fallu faire un choix drastique pour décider quoi montrer », reconnaît Isabelle Aillaud, la responsable des publics.
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Rendre les archives attractives

Une exposition de ce type, les Archives municipales de Marseille en élaborent au moins une par an. Et celle sur l’opéra n’était pas encore achevée que la suivante était déjà en préparation. Elle portera sur le littoral, sans plus de détails pour le moment. « Ce qui est accroché ne représente même pas 1% des fonds sur le sujet », indique Isabelle Aillaud. Le but des expositions est de le faire savoir et de donner envie aux visiteurs de prolonger l’immersion en se rendant ensuite en salle de lecture. Là, ils peuvent alors consulter les originaux ou leur version numérisée. Plus d’un million d’images sont d’ailleurs accessibles dans leur version digitale.
Une façon d’attirer des publics différents de ceux qui fréquentent habituellement les lieux. Ce sont généralement des chercheurs et universitaires dans le cadre de leurs travaux. Ou des particuliers à la recherche de documents administratifs, puisque les fonds recensent notamment les inventaires d’état civil ou les dossiers d’autorisation d’urbanisme, dont les permis de construire. Or, le champ des possibles est bien plus large. « Les Archives ne couvrent pas seulement l’histoire de Marseille mais tous les pans de l’histoire qu’elle soit liée à l’urbanisme, la société, la vie culturelle… Notre volonté est que les Marseillais s’approprient ce passé. Car c’est en le connaissant qu’on assurera notre futur », glisse celle qui en est passionnée. Sans répéter les mêmes erreurs.
Des actions de médiation sont en outre organisées en lien avec les expositions. Depuis les traditionnelles – mais non moins captivantes – visites guidées à des propositions plus atypiques : représentations de théâtre, lectures d’archives, conférences, projections… Un programme riche et varié, toujours pour toucher le plus grand nombre possible.
♦ Lire aussi l’article « Il y a 80 ans, une « ville » américaine en Provence »
Des services bien plus larges

Plus globalement, les Archives municipales de Marseille cherchent à développer l’usage de leur bâtiment. Ainsi, depuis l’automne dernier, il est par exemple possible d’y emprunter des livres. Non pas des documents d’archives, mais des ouvrages et publications de ces dix dernières années, à raison de trois pendant trois semaines (bonus). La salle de lecture est par ailleurs accessible gratuitement, même sans document à consulter. Ceux qui souhaitent travailler, lire ou seulement se détendre dans un espace calme et confortable sont les bienvenus. « On offre une salle de 48 places, chauffée l’hiver, climatisée l’été, avec Wifi et des prises. Ça commence à se savoir puisque les étudiants sont de plus en plus nombreux », se réjouit Isabelle Aillaud.
Plus étonnant encore, l’équipe a créé… un escape game. Le scénario prend place en pleine Seconde Guerre mondiale. La mission est simple : retrouver le « livre rouge », un précieux manuscrit contenant les statuts et chartes de la Ville de Marseille au XIIIe siècle. Il a été dissimulé par l’archiviste communal, qui a laissé des indices sur sa cachette. « À travers le jeu, les participants découvrent le défi logistique qu’ont été l’évacuation, le transfert et la mise à l’abri des œuvres d’art durant ce conflit. Ils manipulent pour cela des documents d’archives réels », souligne la responsable. Un service là aussi gratuit et ouvert à tous (bonus). Les Archives n’ont pas fini d’innover pour susciter l’intérêt. ♦
Bonus
# Infos pratiques sur les Archives de Marseille – Le bâtiment se situe au 10 rue Clovis-Hugues (3e arrondissement). La salle de lecture est accessible gratuitement le lundi (13h-16h45) puis du mardi au vendredi (8h45-16h45).
# Voir l’exposition sur l’opéra – Une première partie est consacrée à l’histoire du bâtiment. Elle se focalise particulièrement sur la période de reconstruction, à grand renfort de plans et de photos. Une deuxième entraîne les visiteurs dans les coulisses de cet emblématique lieu culturel à travers maquettes de décor, costumes et vidéos d’époque. Accès libre et gratuit. Du mardi au vendredi de 9h à 12h et de 13h à 17h ainsi que certains samedis (infos ici). Visites guidées pour les groupes et scolaires sur rendez-vous au 04 91 55 33 75 ou dgac-archives@marseille.fr.
# Emprunter des livres aux Archives municipales de Marseille – Il faut pour cela s’inscrire gratuitement sur place en présentant une carte d’identité. Les prêts s’effectuent parmi une sélection proposée en salle de lecture. À raison de trois livres pendant trois semaines, qu’il est possible de prolonger trois semaines supplémentaires. D’autres ouvrages sont consultables sur place (le catalogue est à retrouver ici).
# Réserver un créneau d’escape game – En envoyant une demande par mail à l’adresse : dgac-archives@marseille.fr. La session, gratuite, dure une heure et peut se jouer à cinq personnes (ou deux groupes de cinq en simultané).