Économie

Par Patricia Guipponi, le 7 mars 2025

Journaliste

Toutes connectées pour mieux se (re)trouver

Toutes connectées est une application pensée par trois Héraultaises. Lancée officiellement ce 8 mars, elle entend devenir le réseau d’entraide, de collaborations et l’annuaire digital de toutes les femmes actives de France. Objectifs : les rendre visibles, rompre l’isolement et favoriser l’emploi et les rencontres sur le terrain.

Un an. Ou plutôt onze mois et trois semaines. C’est le temps qu’il a fallu à Caroline Poirot, Cindy Bouisset et Maryline Cohen pour mettre leurs desseins à exécution. Le 16 mars 2024, les trois amies ont initié le premier Salon de l’entrepreneuriat féminin de Pézenas, dans l’Hérault, et l’idée leur est venue de répondre aux besoins exprimés par les femmes présentes à l’événement et surtout par celles qui n’avaient pu s’y rendre.

« Elles nous ont fait remonter leur isolement, leurs difficultés à constituer un réseau… », témoigne Caroline Poirot, gestionnaire de patrimoine pour un grand groupe d’assurances. Le trio a immédiatement planché sur une solution d’entraide et de levier de l’entrepreneuriat au féminin. Et depuis le 8 mars, leur application Toutes connectées est officiellement lancée.

Un entrepreneuriat féminin en pleine expansion, mais des femmes souvent démunies

<!–more–>

Les trois amies ont imaginé une solution adaptée aux besoins de chaque femme active. ©DR

Les cofondatrices ont fait connaissance au ‘‘Cercle des entrepreneuses de Pézenas’’, dont elles sont membres. « Grâce à cette dynamique association, on s’est trouvées et nous avons voulu créer un lien entre les femmes actives de tout horizon qui ne bénéficient pas forcément de point de rencontre comme le nôtre », confie Cindy Bouisset, gérante d’un centre d’électrostimulation.

Selon l’Insee, en 2023, le taux d’activité des femmes de 15 à 64 ans était de 71,2%. « L’entrepreneuriat féminin est en pleine expansion. Cependant, les entrepreneuses restent souvent dans leur coin faute de relations et d’opportunités, se sentent peu soutenues et peinent à se faire connaître », observe Maryline Cohen, expert-comptable.

D’expérience, les trois entrepreneuses savent qu’être une femme sur le marché du travail est complexe. « Il y a cinq ans, quand je suis arrivée dans l’Hérault, ça a été assez compliqué de créer un portefeuille clients. Je me suis sentie démunie », avoue Caroline Poirot.

Sa grande sociabilité et sa curiosité lui ont fait franchir des murs et pousser des portes. Mais dans certaines situations, les ouvertures possibles ne sont pas visibles. « Notre application ambitionne de mettre en avant les métiers sous représentés, d’une part. Et la femme qu’elle soit travailleuse indépendante, artisane, salariée du privé comme du public, d’autre part », indique Maryline Cohen.

♦ Relire l’article : Les Frangines, réseau rural de femmes actives

Des podcasts et webinaires sur divers sujets et des ateliers

Un annuaire digital, où le profil de l’adhérente s’affiche, permet cette visibilité. Donc de répondre à des besoins spécifiques : “Où trouver une plombière pour ma chaudière dans mon périmètre ?”, “Une comptable pour mes activités ?”. Elle permet également de construire de possibles collaborations, de faciliter les rencontres sur le terrain. Chaque utilisatrice peut y rechercher un type de prestation, en filtrant les résultats par situation géographique dans un rayon de recherche de 1 à 100 km.

L’application met à la portée de ses adhérentes des outils pour dynamiser leurs activités, la possibilité d’assister à des ateliers, à des webinaires, d’écouter des podcasts. Les sujets ne manquent pas : la prévoyance, le patrimoine, la retraite, le handicap et la maladie en milieu professionnel, la qualité de vie au travail…

« Ce sera animé par des expertes, c’est-à-dire nous-mêmes dans la limite de nos compétences, nos partenaires et le réseau », poursuit Cindy Bouisset. Les vidéos sont entièrement sous-titrées. « Car nous voulons être les plus inclusives possibles dans les outils que l’on donne, comme dans les domaines abordés ».

D’autres sujets seront aussi explorés. « Par exemple, il y aura des suggestions de livres. Ou encore des petites interventions où l’on proposera une règle de grammaire dans le but d’améliorer l’orthographe, qui est essentiel dans une bonne communication », remarque Caroline Poirot. L’application sera aussi un portail de recrutement. Les adhérentes pourront en effet y poster des offres d’emploi et des propositions de stage.

Toute une série d’outils pour dynamiser les activités professionnelles.

Les hommes, à condition d’avoir une marraine

Il existe déjà des réseaux sociaux qui permettent le rapprochement professionnel comme LinkedIn. D’autres qui favorisent l’entre-aide et le contact. « Cependant, pour avoir cherché une solution plus complète, on trouve rarement ou pas de contenus et autant d’outils rassemblés dans une seule interface », souligne Maryline Cohen.

Trois abonnements sont proposés par l’application. L’un est entièrement gratuit et donne l’accès à l’annuaire digital et à une certaine visibilité. « À l’inscription, nous demandons un certain nombre de documents. Une adhérente qui n’existe pas ou dont l’activité est fictive, se verra refusée », explique Cindy Bouisset.

Toutes connectées se veut interface créatrice d’évènements entre entrepreneuses. « Libres à elles de définir s’ils seront mixtes ou 100% féminins », précise Caroline. Et d’insister sur le fait que l’application n’est pas sectaire, ni féministe. « Les hommes y sont bienvenus, mais ils doivent être marrainés par une femme pour rejoindre le réseau ». ♦

Légende de la photo d’ouverture – De gauche à droite, les trois cofondatrices de Toutes connectées : Cindy Bouisset, Maryline Cohen et Caroline Poirot © DR