L’OM, à jamais engagé pour les joueurs amputés

[cet article fait partie du programme Éducation aux Médias et à l’Information développé par Marcelle]

Emblème de la cité phocéenne, au même titre que la Bonne Mère, l’Olympique de Marseille rassemble et rend fiers les Marseillais. Au-delà de ses prouesses en fin de saison – accession à la Ligue des Champions pour la section masculine, à la Première Division pour la féminine -, l’OM joue aussi dans la catégorie‘’Treizième Homme’’. Ce programme engagé porte les actions sociétales et caritatives du club, dont la création d’une équipe de football pour amputés. Une première pour un club de Ligue 1.

Portail fermé, patte blanche à l’entrée, l’OM Campus du Cesne, à l’est de Marseille, est bien gardé. À l’intérieur, trois terrains en gazon synthétique, des tribunes aux couleurs historiques du club et des projecteurs XXL. C’est ici que s’entraînent et jouent l’équipe professionnelle féminine, les jeunes… et l’équipe de football pour amputés. La section, lancée en janvier 2025 par l’OM, est une première pour un club de Ligue 1. Un projet porté par Treizième Homme, désignant le 13e pilier de l’OM, celui qui lui permet d’être un club durable, engagé sur des projets porteurs de sens, à fort impact. Petite explication pour les non-initiés : un match de foot se joue à 11 joueurs, les supporters symbolisent le 12e homme.

Pilier durable de l’OM

Émanation d’OM Fondation, Treizième Homme, créé en 2024, intervient dans quatre domaines : éducation, cohésion sociale, développement durable et pratique sportive (bonus). Au sein de cette dernière, l’OM œuvre pour la promotion du foot pour tous. Citons la réhabilitation d’infrastructures sportives ouvertes au public, comme les terrains de la Major et de la Friche Belle de Mai. Ou la création du club de foot FC La Castellane dans la cité éponyme des quartiers nord. « C’est aussi un prétexte pour travailler différents sujets, comme l’éducation, la santé ou l’ouverture aux autres, complète Lucie Vernet, directrice exécutive de Treizième Homme. Nous avons débuté avec 60 joueurs, ils sont aujourd’hui 250 licenciés, dont une quinzaine de filles », se réjouit cette femme portant costume sombre, baskets et sourire chaleureux, au bord d’un des terrains de l’OM Campus.

Passionnés de foot ou anciens joueurs pro

Affiliée au niveau national à la Fédération Française de Handisport, l’équipe de foot pour amputés de l’OM fait également partie du projet ‘’Pratique sportive’’. Elle se compose de neuf joueurs, en plus des trois membres du staff. Ils sont au départ de simples amateurs, amoureux du ballon rond, ou d’anciens joueurs professionnels, à l’instar de Jérôme Raffetto, à l’origine de la création de la section.

Il jouait au club pro de Hyères lorsqu’il a été renversé en 2005 par une voiture, après un entraînement (son histoire bonus). Il est aujourd’hui le capitaine de l’équipe de football pour amputés de l’OM et de l’équipe française de football pour amputés (EFFA). Son équipe se retrouve une fois par mois à l’OM Campus pour s’entraîner. « Pas plus, car certains viennent de loin, Béziers, Orange, etc. », explique cet habitant de Carnoux. Le club prend tout en charge – terrain, tenues, défraiements pour les entraînements et déplacements pour le Championnat de France.

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Des règles adaptées

Le football pour personnes amputées se pratique à sept joueurs (ou joueuses) sur la moitié d’un terrain traditionnel traditionnel, et les cages sont plus petites. Ses règles s’inspirent largement de celles de la F.I.F.A. puisque les équipiers jouent debout. Cette discipline a toutefois établi ses propres règles, pour respecter la condition des joueurs et s’adapter au plus juste à leur handicap. Ainsi, les joueurs de champ n’ont qu’une seule jambe et les gardiens de but qu’une seule main. Quand ils jouent un match, ils ne peuvent utiliser leurs béquilles volontairement – ni leur moignon – pour pousser, contrôler ou bloquer le ballon. Une telle action est considérée comme une ‘’main’’ et donc pénalisée.

Après un match amical avec les jeunes du FC La Castellane, en février dernier, l’équipe OM de foot pour amputés a rencontré pour la première fois, en mai, l’équipe pro féminine qui venait de remporter le titre de championne de France en Seconde Ligue.

Rencontre avec la section féminine

L’entraîneur, Karim Belounis, ex-sélectionneur adjoint de l’Équipe de France pour Amputés (EFFA), expose le déroulé de la rencontre « On va travailler les gestes techniques, de passe, de contrôle et finir par une opposition ». Il ajoute que, bien sûr, pour un jeu équitable et une mise en situation, les filles auront des béquilles et la gardienne ne pourra utiliser qu’une seule main.

Sauter, slalomer, réaliser des passes, buter à une jambe n’est pas si facile pour les joueuses pro de l’OM. Ça rit beaucoup, ça s’encourage. « Allez, une jambe, on accélère, on va chercher vers l’avant », s’époumone l’entraîneur

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Pas si facile

S’ensuit un match amical entre les deux équipes, celle des amputés ayant été complétée par une joueuse pro et par son parrain, Romain Alessandrini. L’ancien joueur de l’OM, aujourd’hui à la retraite, généreux dans son engagement, assiste à tous les entraînements, mouille son maillot blanc floqué du logo de l’OM et accompagne l’équipe lors des déplacements.

Les joueurs sont impressionnants, très rapides, agiles et puissants. « Franchement chapeau. Je savais qu’ils étaient trop forts, je l’avais vu sur Instagram, mais je ne pensais pas autant », s’exclame Chloé N’Gazi, gardienne de l’équipe pro féminine. « C’est trop difficile pour moi, pour tout le monde je pense », enchaîne admirative Ndeye Awa Diakhaté, milieu de terrain. Pour autant, les joueuses de l’OM remportent ce match amical.

Championnat de France

Jérôme Raffetto, le capitaine de l’équipe de football pour amputés de l’OM, ne cache pas sa joie pour « ces infrastructures incroyables et la fierté de jouer pour le club de l’OM ». Il s’apprête à disputer la troisième journée du Championnat de France en juin. Contre Annecy, puis Paris qui jouera à domicile. Les seules équipes en France, avec Marseille. L’ambition de l’OM est d’inspirer d’autres clubs pros, pour qu’eux aussi créent leur propre section pour amputés. Et ainsi, ouvrir vraiment la pratique du foot à tous.♦

Bonus

# Treizième Homme rassemble la fondation et le fonds de dotation de l’entreprise sous une même entité, le second finançant la première. Elle repose sur quatre piliers : éducation, cohésion sociale, développement durable et pratique sportive

# Cohésion sociale. L’OM entend aider les personnes en situation de fragilité et œuvrer pour réduire les inégalités sociales. Parmi les projets, ‘’Rêves de minots’’ : un enfant malade accueilli par match et rencontre avec un joueur, 20 rêves réalisés par saison. ‘’Fada Noël’’ : 200 enfants visités à l’hôpital par saison. ‘’Né.e sous une bonne étoile’’ : 2000 coffrets naissance offerts aux nouveau-nés des hôpitaux Conception et Nord, avec des bodys fabriqués en coton bio par des jeunes en situation de handicap de l’ESAT Le Valvert. ”Lettre au Football”, une campagne pour promouvoir le bon comportement dans le football amateur, en particulier auprès des jeunes. « Respecter les joueurs adverses. Et rappeler que le foot doit rester un plaisir et un sport », insiste Lucie Venet, directrice exécutive de Treizième Homme.

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# Éducation. Treizième Homme s’implique dans le parcours scolaire des jeunes marseillais avec les projets ‘’Rentrée des Champions’’ (275 bénéficiaires). Et ‘’Cahier des Olympiens’’ : 10 000 cahiers de vacances, conformes à l’Éducation nationale, offerts à des élèves de CE2. « On s’appuie sur l’attractivité de L’OM et des joueurs pour encourager les enfants dans leurs différents apprentissages », étaye Lucie Venet. L’organisation sort cette année le ‘’Cahier des Supporters’’ pour appuyer des initiatives citoyennes. Il y a aussi des kits de rentrée scolaire en faveur de la scolarisation des enfants de familles marginalisées à Marseille accompagnés par l’École au Présent. Mais aussi ‘’Forum Avenir’’, qui met en avant les différents métiers de la filière du foot. « 200 jeunes de structures partenaires sont venus à la première édition le 14 mai dernier au stade », raconte Lucie Venet.

# Développement durable. Deux actions phares sont ancrées dans le dispositif d’accueil des supporters sur tous les matchs. La mise en place de gobelets réutilisables en tribune Jean Bouin Haut et Virage Nord – « prochainement à tout le stade », promet Lucie Venet. Le tri sélectif sur les parvis et à l’intérieur du stade. Enfin, un parking à vélos sur le parvis Ganay pour chacun des matchs à domicile, gratuit et sécurisé. 

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# Jérôme Raffetto, son histoire. Suite à son amputation en 2005, Jérôme Raffetto a cherché à refaire du foot, mais « il n’était pas référencé à la Fédération Française Handisport ». C’était le seul sport qui lui plaisait, il a tout arrêté. Douze ans plus tard, après avoir vendu son entreprise de foot en salle à Carnoux, il a ressenti à nouveau le désir de reprendre le sport et tapé ”foot pour amputés” sur le web. Il est tombé sur l’équipe française de football pour amputés qu’il a aussitôt intégré. Il a participé aux Championnats d’Europe et du monde. Seul manquait le Championnat de France, faute d’équipe adverse !

Jérôme Raffetto qui, par ailleurs, fait de la sensibilisation au handicap auprès des jeunes joueurs, croise un jour l’OM au stade d’Endoume. Il leur parle de la création d’une section de football pour amputés. Le club est partant et signe. Aujourd’hui, Jérôme Raffetto est le capitaine de cette équipe et celle de France. Le joueur suit quatre à cinq entraînements par semaine, en tennis fauteuil et foot en salle. Objectif : remporter le prochain match contre Paris et Annecy.