ÉducationÉducations aux médias et à l’information EMI

Par Agathe Perrier, le 2 juin 2025

Journaliste

Faire connaître les rivières pour donner envie de les protéger

1 800 élèves ont suivi cette année des parcours pédagogiques pour mieux connaître les rivières © Agathe Perrier

[cet article fait partie du programme Éducation aux Médias et à l’Information développé par Marcelle]

Bien que les cours d’eau ne représentent qu’une infime partie de l’eau douce de surface, ils jouent un rôle crucial pour le maintien de la vie sur Terre. D’où l’importance de les préserver et de les protéger. Pour le faire savoir, l’établissement public d’aménagement Menelik a élaboré des programmes d’intervention auprès des scolaires. En classe et au bord de l’eau, car il n’y a pas mieux que le concret pour bien sensibiliser.

« On protège ce que l’on aime et on aime ce qu’on connaît ». Cette célèbre phrase du commandant Cousteau, l’établissement public d’aménagement Menelik l’a reprise à son compte. En l’appliquant dans ses actions pour préserver la biodiversité des rivières et sensibiliser aux risques des inondations(lire bonus). « Pour que nos messages aient de l’impact, il faut d’abord que le grand public connaisse la rivière et son fonctionnement », expose Camille Lecomte, responsable du pôle Éducation et Sensibilisation. L’équipe a donc imaginé les « Parcours rivières », qui se matérialisent par des interventions notamment en milieu scolaire. « Agir auprès des enfants permet de toucher aussi leur entourage proche, donc des adultes », abonde-t-elle.

Grandeur nature

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Le dispositif comprend des séances en classe et au moins une en bord de rivière © Agathe Perrier

De la maternelle au lycée, ce sont 73 classes pour 1 800 élèves qui profitent de ces programmes pédagogiques durant cette année scolaire 2024-2025. Soit près du double par rapport à la précédente, celle du lancement du dispositif. À raison de deux à quatre séances, selon les niveaux. Toutes sont assurées par des associations locales d’éducation à l’environnement. « Chacune a sa propre approche. Ludique, artistique, sensorielle, imaginaire, scientifique… Cela crée une vraie diversité et éveille l’intérêt et la curiosité de tous les élèves », souligne Roxane Picaut, chargée des animations et de l’événementiel au CPIE Pays d’Aix, organisation environnementale à la tête du collectif (bonus).

Les premières séances ont pris place dans les salles de classe. Un volet théorique complété par une session pratique hors les murs. « C’est l’originalité de ce dispositif. Car on considère qu’on apprend mieux au bord de l’eau », glisse Camille Lecomte. Idéalement, rendez-vous est pris sur les rives de la rivière la plus proche de l’établissement.

♦ Lire aussi l’article « Sentinelles de Rivières : non aux déchets, oui à l’insertion ! »

À la découverte des petites bêtes

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Après avoir pêché des larves peuplant la rivière, place à leur identification © Menelik

Ce dernier lundi d’avril, une classe de 6e du collège Pesquier de Gardanne s’est ainsi rendue au bord de la Luynes, à cinq kilomètres de son lieu de cours habituel – une distance d’ailleurs parcourue à pied. La matinée a été dédiée à l’observation du chemin de l’eau en conditions réelles, après l’avoir précédemment vu en classe. « Ça leur a permis de se rendre pleinement compte de l’importance d’une bonne coordination entre les activités et les villes pour préserver et protéger la ressource », indique Elena Zucchini, intervenante pour le compte du Loubatas, une association d’éducation à l’environnement qui gère un écogîte dans le pays d’Aix (notre reportage à retrouver ici).

Au cours de l’après-midi, la vingtaine d’élèves s’est glissée dans la peau de scientifiques. Chaussures d’eau aux pieds, un groupe est allé à la pêche aux larves peuplant la Luynes. Les spécimens prélevés – tous ont été relâchés par la suite – ont été analysés par les collégiens chargés de leur identification. Le constat est sans appel : une grande majorité de gammares, un genre de crustacé. Il y a toutefois eu quelques autres espèces, dont deux sangsues – leur façon de se mouvoir a d’ailleurs suscité autant de fascination que de dégoût. Et même une grosse larve de libellule. Parfaite pour faire le lien avec le troisième atelier, destiné à montrer que certaines petites bêtes terrestres et volantes démarrent en réalité leur vie dans l’eau.

Preuve par l’exemple

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La pêche du jour a présenté peu de diversité d’espèces © AP

À l’heure du bilan, les élèves se questionnent sur ce que semble indiquer leur inventaire. Leur pêche présente peu de diversité d’espèces et toutes se révèlent polluo-résistantes. Ce qui les amène à penser que l’eau est polluée et à réfléchir aux possibles sources de cette contamination. « C’est une conclusion générale et pas scientifique, qui nécessiterait une plus large étude, rappelle Elena Zucchini. Le but est de vous informer sur ce qu’il y a dans la rivière et sur l’impact de la qualité de l’eau ».

La petite troupe ressort ravie de l’expérience immersive. « Ça nous aide à mieux comprendre la nature », observe Nélia. « On est souvent sur le téléphone, ça permet de se reconnecter », ajoute Israe, pleine de sagesse et de maturité. Seul bémol, pour certains : le retour à pied. Ils restent bel et bien des préados.

♦ Lire aussi l’article « L’appli “Qualité Rivière” pour connaître l’état écologique des rivières et cours d’eau »

En route vers l’autonomie

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Le souhait de Menelik est de voir les enseignants continuer les séances en autonomie © Menelik

Une autre classe de 6e du même collège a aussi participé cette année aux Parcours rivières. Grâce à l’implication et la motivation de leurs professeures. Ce sont en effet aux enseignants de s’inscrire dans la démarche, en répondant à l’appel à candidatures lancé par Menelik (bonus). « L’action de l’homme sur l’environnement fait partie du programme scolaire. C’est un bon moyen de l’aborder », estime madame Jeandenant, spécialisée en SVT (sciences de la vie et de la terre). Elle a suivi une demi-journée de formation pour découvrir les animations possibles, car il y en a tout un catalogue. Et bénéficie de l’accompagnement des associations d’éducation à l’environnement pendant deux ans au total.

L’objectif est bien sûr que les professeurs s’approprient le dispositif pour le faire perdurer, en autonomie. Des obstacles doivent toutefois encore être surmontés. « Les établissements ne disposent pas forcément du matériel pour assurer les séances », reconnaît Camille Lecomte. Madame Jeandenant soulève également le rôle précieux des intervenants, mieux armés notamment pour l’identification des espèces. En attendant de trouver les pistes de solutions, les Parcours rivières reviendront l’année prochaine. Pour le plus grand bonheur et l’intérêt de tous les écosystèmes. ♦

Bonus

# Intégrer les Parcours rivières – Menelik lancera prochainement l’appel à candidatures pour l’année scolaire 2025/2026. Seuls les professeurs des écoles et de SVT peuvent postuler. Les modalités sont à retrouver sur son site internet en cliquant ici.

# 11 associations engagées dans les Parcours rivières – Toutes agréées par l’Éducation nationale. Y figurent les CPIE du Pays d’Aix, Côte provençale et Rhône Pays d’Arles, Chemin Faisan, Dans tous les sens, Evana Provence, la Fédération de pêche des Bouches-du-Rhône, Le Loubatas, Nature verte, la Maison régionale de l’eau et Planète zéro déchet.

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Le préimètre d’intervention de Menelik

# Menelik, l’œil des rivières – En tant qu’établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau (EPAGE), il veille sur l’ensemble des cours d’eau qui se jettent dans les étangs de Berre et de Bolmont. Dont les trois fleuves côtiers que sont l’Arc, la Cadière et le Touloubre. Ses actions ont pour but de préserver les milieux aquatiques de ces bassins et de réduire le risque d’inondation. Sa création est récente puisqu’elle remonte en 2022. Cet EPA est l’héritier direct du Syndicat d’aménagement du bassin de l’Arc (Saba), lancé en 1982 par un collectif de 15 communes désireuses de mieux gérer les inondations suite aux crues répétées des années 1970. Il gère aujourd’hui 1200 km de cours d’eau répartis sur 57 communes des Bouches-du-Rhône et du Var.

♦ Version radio avec Raphaëlle Duchemin (France Info / Europe 1 / BFM)