Ces cabanes où il fait bon lire jusqu’à plus soif

[je recycle, tu surcycles, ils valorisent – #2]

La Toulousaine Justine de Lagausie a imaginé les Magic Cocoon, cabanes immersives pour les petits confectionnées à partir de tonneaux à vin revalorisés et de matériaux recyclés. Ces espaces de lecture, bulles de tranquillité, sont réalisés par des travailleurs en réinsertion ou en situation de handicap.

On prétend que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures. Ce que l’on sait moins, c’est que c’est dans les barriques à vin usées que l’on aménage des cabanes de toute beauté. Preuve en est avec les Magic Cocoon.

Pour favoriser la lecture

Justine de Lagausie n’aurait sans doute jamais pensé concevoir des maisonnettes en bois dans des tonneaux de vin si elle ne s’était pas souvenue de la bicoque fabriquée par son père pour ses enfants. Depuis, le prototype a vieilli. Les trois petits de Justine, devenus grands, ne tiennent plus dedans. Mais il a été la source d’inspiration de l’ancienne directrice générale des éditions Milan, qui cherchait à créer un produit pour favoriser la lecture. <!–more–>

Justine de Lagausie travaille dans l’édition jeunesse depuis trente ans. Elle a lancé l’agence de créations et de conseils, spécialisée dans le livre et l’enfance, Okidokid en 2010, à Labarthe-sur-Lèze, en Haute-Garonne. « Avec mon ancien associé, Raphaël Martin, nous souhaitions élaborer quelque chose d’écologique et de local car la plupart des produits de la lecture, comme les livres pop-up animés, sont fabriqués en Asie ».

Un sacré travail artisanal de surcyclage

Une fois l’idée de la cabane de lecture validée, il a fallu penser à sa conception. « Nous sommes partis des tonneaux en chêne plus du tout utilisés, issus de la viticulture. Nous les avons dénichés en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine ». Le duo s’est associé avec l’atelier menuiserie de l’Esat Château blanc à Toulouse qui, au tout début de l’aventure, n’assurait qu’une partie du travail de transformation.

« Nous mettions alors la main à la pâte : nettoyage, peinture… À présent, l’Esat prend tout en charge une fois les barriques récupérées. Elles sont lavées, désassemblées, poncées, coupées, peintes et huilées ». Seuls les cerclages métalliques du haut et du bas sont préservés de la mutation. « L’objectif est de faire rouler le fût facilement d’une étape à l’autre de sa transformation, sans devoir utiliser un diable pour le déplacer, mais surtout de garder sa solidité d’origine », explique la créatrice.

Les tonneaux arrivent fatigués dans les ateliers de l’établissement d’aide par le travail. Ils sont malodorants et très sales. « Les mains expertes les rendent extrêmement beaux. C’est un sacré boulot artisanal de surcyclage », reconnaît Justine de Lagausie. La barrique en elle-même est déjà un magnifique objet. Le chêne massif, matière noble avec laquelle sont fabriquées les fûts, nécessite un certain savoir-faire. Le matériau retrouve ainsi sa superbe tout en changeant d’apparence et de contenant.

Quant aux coussins d’assise, ils sont réalisés dans des bâches recyclées par Lilokawa, atelier de réinsertion par le travail des Pays de Loire.

♦ Lire aussi l’article : Amener la lecture dans la rue pour sortir de l’exclusion

Une alternative ludique aux écrans

Une fois l’antre aménagé, à la place du vin viendra en son sein s’installer un enfant. L’endroit arrondi où il s’assoit confortablement est étroit. Ce qui lui permet donc de s’isoler du bruit extérieur. Les adultes ne peuvent pas entrer dans la cabane à moins d’être très souples. Ce n’est toutefois pas l’envie qui manque à l’enfant qui sommeille en eux. « Quand les Magic Cocoon apparaissent dans des salons ou des festivals, il n’est pas rare qu’un grand essaie de s’y glisser », raconte l’éditrice, amusée.

Le Magic Cocoon est une bulle idéale pour s’adonner à la lecture, pour laisser voguer son imagination, coupé des écrans de smartphones et de tablettes. Certains prototypes sont équipés pour diffuser du son que l’on ne perçoit qu’à l’intérieur de la cabane. Un plafond sonore permet d’écouter des contes, des histoires, de la musique, les bruits de la nature… « Ce peut être aussi des créations sur mesure. Le son est stocké sur une carte SD qui peut être changée en fonction des besoins », souligne Justine de Lagausie.

Les cabanes sont totalement inclusives puisqu’elles s’adressent à tous les enfants, dont ceux qui sont en situation de handicap. Justine prend à cœur de trouver des sponsors pour financer l’achat de Magic Cocoon pour les Instituts médico-éducatifs (IME), les hôpitaux et autres établissements accueillant du jeune public. Des structures qui n’ont pas forcément toujours de budget pour un tel investissement. Les cabanes sont également à louer. C’est le cas lors de salons ou d’évènements culturels comme la Comédie du Livre de Montpellier, en mai dernier. ♦