Au fait !
Aux Aygalades, Boris le luthier se lance dans la sonothérapie
[au fait !] C’est un visage familier pour qui fréquente le charmant quartier des Aygalades, au nord de Marseille. Boris est luthier. Avec un truc en plus : sa porte est toujours ouverte aux petits du voisinage, à qui il propose spectacles et activités en tous genres. Quatre ans après avoir dressé son portrait dans nos colonnes, nous lui avons rendu une nouvelle visite. Et il nous a montré ses nouvelles créations : des sièges pour la sonothérapie.
Il est un peu plus de 16h30 dans la chaleureuse résidence des Aygalades, dans le 15e arrondissement de Marseille. Au bas des immeubles, les associations ont fermé leurs portes, libérant les jeunes qu’elles ont occupés une bonne partie de l’après-midi. Certains s’élancent en courant ou à trottinette. D’autres s’attardent autour de jeux en bois devant une porte restée ouverte. Un Puissance 4 et un jeu d’adresse. Du fait main à n’en pas douter.
Cette porte, c’est celle de Boris, le luthier des Aygalades dont nous avions brossé le portrait dans Marcelle il y a quelques années. Ce luthier pas comme les autres, dont l’atelier est ouvert à tous les minots du coin. Pour dessiner ou pour peindre. Jouer d’un instrument, ou tout simplement venir chercher le soutien bienveillant d’un adulte en cas de litiges avec des comparses. Aujourd’hui, c’est un petit, brun, qui vient se plaindre d’insultes d’un camarade auprès d’un ami de Boris. Une partie de Puissance 4 qui a mal tourné, semble-t-il. Sa voix se mêle au bourdonnement d’une machine à découpe automatique.
Du mobilier pour la sonothérapie
Pour trouver le luthier, il faut s’avancer un peu dans l’atelier. Entre les murs tapissés de dessins d’enfants et les établis en désordre.
Peu volubile comme à son habitude, Boris a néanmoins des choses à montrer. « Voilà, ce sont un lit et un fauteuil pour la sonothérapie », explique-t-il, convoquant du doigt d’imposants meubles derrières lesquels se nichent des cordes d’instrument.
Née sous ce terme dans les années 1990, la sonothérapie s’inspire de pratiques bien plus anciennes. Notamment dans des pays comme le Népal ou le Tibet où l’on utilise sons et vibrations comme thérapies depuis des siècles, au travers les bols tibétains par exemple. Cette médecine alternative cherche à faire absorber par le corps des vibrations musicales. Le but étant d’offrir un moment de relaxation et, dit-on, de rééquilibrer le champ électromagnétique naturel du corps. Ces vibrations auraient des vertus thérapeutiques, physiques et mentales.
« Ici, il y a un oreiller pour la tête. Celui-ci, c’est pour mettre sous les genoux. Le dossier, c’est de l’érable. Le siège, c’est du bouleau. Ce sont des bois qu’on utilise pour faire des batteries. Pas du contreplaqué de chantier ». Un travail d’orfèvre. Il lui a fallu douze semaines pour fabriquer le fauteuil musical. Fauteuil qu’il n’hésite pas à faire tester… L’expérience est surprenante. On se croirait à l’intérieur d’une guitare, en ressentant toutes les vibrations. Et d’après lui, cela rencontre un franc succès. « Quand les gens essaient la sonothérapie, ils sont fous de joie. Cela les détend beaucoup », assure-t-il.
Sur le marché des Aygalades
Sur l’écran de son ordinateur, une page Youtube est ouverte. Y est proposée une série de clips du rappeur Tiakola. Sûrement une requête de son jeune public. Il ferme la page pour montrer quelques photos supplémentaires de ses sièges à cordes. Celles qu’il fournit pour faire la promotion de ses produits. « Un fauteuil comme ça, ça coûte entre 2 000 et 3 000 euros ». Pour les faire connaître – et tester – au plus grand nombre, il investit désormais le marché des Aygalades, à la Cité des Arts de rue, tous les premiers dimanches du mois.
Grâce à ces créations, il espère se doter d’un nouveau débouché économique. Car l’activité de luthier ne rapporte pas tant que ça et qu’il faut bien manger. Tout en continuant d’être ce repère de bienveillance pour les minots du quartier. ♦
- Pour contacter Boris, rendez-vous sur son site internet ou vous trouverez ses fabrications et ses contacts.