Éducations aux médias et à l’information EMIEnvironnement

Par Olivier Martocq, le 4 juin 2025

Journaliste

Corlie Glémas, l’aventurière qui relie les voix de la mer

Au gré de son périple, Corlie Glémas rencontre pêcheurs, moniteurs de voile ou de surf, agriculteurs littoraux... @ Elvire Charles

[cet article fait partie du programme Éducation aux Médias et à l’Information développé par Marcelle]

À 28 ans, Corlie Glémas s’est lancée dans un périple engagé : rallier la Conférence des Nations Unies sur les océans à Nice, en passant par les littoraux atlantique et méditerranéen. Objectif : faire entendre les voix oubliées de la mer – sauveteurs, pêcheurs, militants – dans les sphères de la diplomatie environnementale.

À première vue, Corlie Glémas a tout d’une baroudeuse solaire. Mais derrière le sourire enthousiaste de cette Vendéenne de 28 ans, se cache un engagement profond pour l’océan, sa préservation… et la reconnaissance de celles et ceux qui en vivent. Elle m’a donné rendez-vous sous l’ombrière du Vieux-Port à l’occasion de son étape marseillaise.

Avant de se lancer dans ce projet baptisé Parmi les voix de l’océan, Corlie accompagnait des jeunes en service civique chez Concordia, une association d’éducation populaire. « On organisait des chantiers de rénovation du patrimoine, pour les inciter à s’ouvrir au monde, rencontrer l’altérité, apprendre en faisant ». Un engagement qui la mènera à son propre éveil écologique : « L’océan était mon outil de travail. J’ai été sauveteuse pendant cinq saisons à La Tranche-sur-Mer en Vendée. Et pourtant, je ne savais rien de son importance vitale pour le climat ». Une ignorance qui deviendra le moteur de sa mobilisation avec un théorème simple : comprendre, puis transmettre.

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Mettre les invisibles dans la lumière

« Sans l’océan, il ferait 50 degrés sur Terre. Il est temps de le regarder comme un allié vivant » © coeurocean

Son idée est de traverser la façade atlantique puis méditerranéenne pour rencontrer les gens de mer, comprendre leurs réalités, écouter leurs alertes. Le tout à vélo, à pied, parfois en skate et bien évidemment en bateau… mais en bateau-stop. « Je suis partie des Sables-d’Olonne avec ma cousine. On est allées jusqu’à Biarritz, puis on a traversé par la terre jusqu’à Sète. »

Au fil du chemin et des différentes rencontres (prévues pour certaines de longue date, mais au débotté pour d’autres), Corlie sensibilise – via des ateliers comme la fresque océane. Surtout, elle écoute : « Je veux partir des vécus individuels, pour en tirer un message collectif ». Pêcheurs, moniteurs de voile ou de surf, agriculteurs littoraux… Au total, une trentaine de visites, occasionnant de nombreuses rencontres.

Le cœur de son message : donner une place aux invisibles dans les grandes décisions. « Je souhaite porter la voix des gens de la mer à l’ONU, mettre la démocratie des gens dans la diplomatie des grands. » Une posture que ne prétend pas incarner seule celle qui appartient aux nouveaux aventuriers de Sport Planète Maif : « Je ne parlerai pas au Sommet. Mais je veux y arriver avec toutes les voix que j’ai récoltées ». Corlie n’oublie pas de citer ses alliés dans sa démarche : Utopia 56, Women For Sea, Le Chant des Voiles et Algoculteur. Ou encore Watch the Sea, qui l’accompagne pour la dernière étape.

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Un symbole fort : arriver à la nage

Finalement, Corlie ne rejoindra pas Nice en bateau-stop, comme envisagé au départ, mais… à la nage. Une « randonnée palmée » organisée avec l’association Watch the Sea et la fondation Pure Ocean, accompagnée de jeunes Marseillais. « C’est symbolique. Une arrivée par la mer, pour rappeler ce qu’elle représente, et qu’on a oublié. »

Corlie pointe le caractère trop élitiste de la Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC3). « Il y aura des chefs d’État, des ONG, des scientifiques… Mais très peu de professionnels de la mer. Pourtant, ce sont eux qui vivent l’impact du réchauffement au quotidien ». Les importants de ce monde trusteront les grands médias et les sites officiels. Elle entend éclairer l’événement de l’extérieur. « Je relaierai sur les réseaux ce qui s’y passe. Et j’espère que toutes ces voix engrangées aideront à faire bouger les lignes. » ♦

 

 

♦ Version radio avec Olivier Martocq (France Info / France Inter)