Culture
Coup de cœur pour le spectacle Les Belles de nuit
Dans cette création, la metteuse en scène Marie Provence aborde la vieillesse, l’identité féminine et le désir. Trois thèmes centraux pour une pièce drôle et poétique. En tournée sur différentes scènes provençales.

Sa mémoire certes vacille, ses souvenirs se mélangent, mais des bribes surgissent et forment une histoire unique. La sienne. Son désir, son rire, sa curiosité revêtent désormais d’autres formes. Tout comme sa féminité, qui reste prégnante – dans sa façon de se regarder dans le miroir, de se toucher le visage, de se maquiller.
Sans jamais tomber dans le dramatique, cette pièce donne la parole à ceux qui ne peuvent plus la livrer. Et nous invite à reconsidérer la vieillesse et la dégénérescence avec tendresse et confiance. Là est la force de Marie Provence, créatrice de la compagnie 7e Ciel. Pour chacune de ses pièces, la metteuse en scène offre la possibilité de réviser nos idées reçues et apaiser nos peurs. La mort avec ‘’Pacamambo’’, l’autisme avec ‘’L’enfant sauvage’’, la mère borderline avec ‘’Zoom’’. À chaque fois, ses héroïnes luttent et transforment leurs épreuves en force. À chaque fois, le propos reste grave, mais on passe des larmes aux rires. Cette explosion d’émotions est due à la vivacité de la mise en scène – scénographie mobile, mouvements chorégraphiés, paysage sonore original et très présent. Mais aussi à la proximité de Marie Provence avec son sujet. ‘’Les Belles de nuit’’ doivent en effet leur existence à sa mère : « Une femme brillante, intelligente, forte, qui souffre de la maladie d’Alzheimer depuis 2015 ». Ce monde qui l’effrayait, Marie Provence a su peu à peu l’apprivoiser en l’explorant pour le théâtre. En une heure, grâce au portrait sensible et drôle de Michelle, elle nous permet de saisir que, quoi qu’il advienne, on reste avant tout un être humain. ♦
- La plume de Magali Mougel – Les pièces antérieures de Marie Provence étaient des adaptations de textes existants. Pour la première fois, elle a demandé l’aide d’une auteure de théâtre pour écrire sur la vieillesse de la femme, « car c’est un sujet qui a été peu abordé ». Elle a choisi Magali Mougel pour son écriture cocasse et délicate. Il se trouve qu’elle-même était intéressée par ce thème.
- Making-off – Les Belles de nuit ne sont pas nées de l’imaginaire.

Marie Provence a passé deux semaines en immersion avec Magali Mougel et une partie de l’équipe dans deux Ephad – la Roseraie et la Résidence Notre-Dame à Marseille. Elles ont pris le temps d’échanger avec de nombreux résidents, Tante Rose, Roger, Jacques, Monsieur Anor, Djamila… Des rencontres avec souvent, en toile de fond, la Guerre d’Algérie et la Seconde Guerre Mondiale. « C’était à chaque fois une plongée dans l’Histoire. Une dame m’a notamment raconté les bombardements de Marseille en mai 1944 ». Elles se sont servi de cette matière, de ces phrases, de cette exploration pour composer leur pièce lors d’une résidence d’écriture à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon.
On peut écouter les sublimes paroles de résidents, mais aussi de soignants, sur Pépite sonore n°1 et N°2 sur 7eciel.fr
- Les comédiens

- Les dates – La pièce a été coproduite par le Théâtre du Jeu de Paume. Marie Provence fait en effet partie des artistes accompagnés par Les Théâtres, pôle dirigé par Dominique Bluzet.
Les 23 et 24 janvier au théâtre du Jeu de Paume à Aix. Les 31 janvier, 1er et 2 février au Liberté à Toulon. Le 8 février au Comoedia à Aubagne. Du 12 au 14 mars au théâtre de la Joliette à Marseille. En juillet au festival d’Avignon off.