Solidarité
Le banc pour la Paix assoit l’espoir à Marseille
Les Guerrières de la Paix ont inauguré leur banc en mosaïque, à Marseille, le 13 novembre, jour de deuil national en France. Une place en vue pour la paix, la justice et la liberté, ces droits fondamentaux prônés par le militant pacifiste palestinien Ali Abu Awwad, qui a joint sa voix à celles des activistes, dont Hannah Assouline, la fondatrice du mouvement.
Le 13 novembre 2025, la corniche Kennedy a pris les couleurs de l’espoir. Le banc le plus long du monde s’est paré d’une nouvelle mosaïque violette et bleue. On y voit, face à la mer Méditerranée, l’espoir pour la paix et le vivre-ensemble, représentés par une colombe et le symbole « peace ».
La réalisation de ce banc a été initiée par les Guerrières de la Paix, collectif qui se bat pour la paix, la justice et l’égalité. « Il a une symbolique très forte, car il fait face à la Méditerranée et à des territoires encore en conflit aujourd’hui. Ce banc est le miroir de ce que nous pouvons être », explique Laura Sahin, journaliste et coordinatrice de la section Sud de cette association féministe.
Un message d’autant plus important que l’inauguration a eu lieu le 13 novembre 2025, dix ans après les attentats perpétrés à Paris par l’État islamique. « Ce jour de deuil national symbolise ce que la haine peut produire, mais aussi la puissance de la solidarité qui en a résulté », commente Hanna Assouline, fondatrice des Guerrières de la Paix.
Marseille multiculturelle
Avec ce banc, l’association marque son ancrage à Marseille, « vivier de multiculturalisme avec une mixité très importante », relève Laura Sahin. Les Guerrières de la Paix ont ouvert leur section Sud en mars dernier. Car, pour leur fondatrice Hanna Assouline, leur message trouve ici « une résonance très forte ».
Composée d’environ 170 personnes, cette branche provençale a déjà réalisé plusieurs événements pour faire rayonner ses valeurs. « Nous avons projeté des documentaires, qui ont eu un grand succès. Organisé un pique-nique pour la paix avec un rabbin, un pasteur, un imam et un prêtre pour réfléchir au vivre-ensemble », partage la journaliste.
Une solution non-violente
Créé en 2022 à Paris, le mouvement des Guerrières de la Paix a pour objectif d’être une caisse de résonance pour les militants qui luttent sur le terrain pour leurs droits. Notamment les Israéliennes et les Palestiniennes qui agissent pour un processus de paix à travers Women Wage Peace et Women of the Sun. Alors que les discours se polarisent autour d’Israël/Palestine, l’association entend proposer « une troisième voix, où chacun et chacune peut se reconnaître », explique Hanna Assouline, installée sur le précieux banc de mosaïque.
Cette dernière a coréalisé avec Sonia Terraba “Résister pour la paix” en 2024. Ce documentaire, justement projeté le soir du 13 novembre au Musée d’art contemporain (MAC) de Marseille, montre le combat, en Israël comme en Palestine, de femmes et d’hommes pour faire cesser les bombardements et l’odieux décompte des morts. Il suit des militantes comme Nava Hefetz, rabbin et militante pacifiste. Comme Vivan Silver, militante pour la paix et les droits des femmes, tuée le 7 octobre 2023 chez elle, dans un kibboutz proche de Gaza. Mais aussi le militant pacifiste palestinien Ali Abu Awwad.
Promouvoir une solution non-violente au conflit Israël-Palestine
Vivant à Beit Jala en Cisjordanie, l’activiste est venu à Marseille pour l’inauguration du banc et pour soutenir le message des Guerrières. « Depuis ici, une partie de cette mer est partagée avec Gaza, observe-t-il, tourné vers la Méditerranée. Et je peux sentir la douleur de chaque personne qui a été tuée, de chaque drame qui se déroule à Gaza ».
Après avoir combattu Israël, il a été emprisonné pendant quatre ans par l’État hébreu et a commencé à militer de manière non violente en faisant une grève de la faim en prison. La mort de son frère marque un tournant et il fonde alors l’ONG Taghyeer (changement en arabe), justement pour promouvoir une solution non-violente au conflit. « J’ai payé le prix fort de ce conflit. Nous avons besoin de personnes qui soutiennent les solutions. Et il faut s’investir pour la sécurité, la dignité et la liberté des deux peuples », poursuit Ali Abu Awwad.

De petits morceaux collés ensemble pour former un tout
Le banc de la paix vient s’ajouter aux 176 autres réalisés ces dix dernières années sur la corniche Kennedy par l’association Viv’Arthe sur plus de quatre mètres. « Cela a commencé en 2015. Je voulais embellir, apporter de la couleur sur ces bancs de béton », raconte la mosaïste Paola Cervoni, accompagnée de son coéquipier Ely.
Alors, quand les Guerrières de la paix l’ont contactée, l’idée l’a tout de suite séduite. « Car la mosaïque, c’est le partage. Ce sont plusieurs petits morceaux collés ensemble pour former un tout », exprime l’artiste. « Le banc de la paix a été réalisé avec les jeunes de l’École de la seconde chance durant huit ateliers. Cela a permis de créer des espaces de dialogue pour échanger sur des sujets compliqués, mais toujours avec respect », détaille Laura Sahin.
♦ (re)lire : Avec Marseille Mosaïque, des bénévoles imposent un projet artistique emblématique
Ramener l’espoir là où il n’y en a plus
Des bénévoles des Guerrières de la Paix leur ont aussi prêté main-forte, comme Corinne et Fadila, deux amies de longue date qui se sont engagées ensemble. « Le terme de guerrières a été choisi, car les femmes ont une vie de guerrière », expliquent les deux amies. Ce sont les valeurs de l’association qui les ont convaincues d’agir : l’ouverture du combat à tous les conflits, d’Israël-Palestine au Soudan. Et l’action humanitaire, notamment pour soutenir les enfants orphelins à Gaza.
« En tant que femme, on sait que la vie est précieuse », affirme Fadela. « Quand on perd quelqu’un, c’est dans notre chair qu’on le ressent. Alors que ce sont surtout les hommes qui font la guerre, c’est aux femmes de ramener la paix », considère Corinne. Pour les deux amies, l’association permet de ramener l’espoir là où il n’y en a plus. « Aujourd’hui à Marseille, la paix a enfin trouvé sa place, observe fièrement Laura Sahin. Ce banc est un premier pas, un geste qui appelle l’écoute et le respect ». ♦
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