Le Tour de France qui alerte sur le climat

Le collectif Alternatiba a lancé en juin, à Nantes, son troisième tour national à vélo. À chaque étape, les bénévoles du mouvement citoyen sensibilisent les locaux au changement climatique et soutiennent les alternatives et les combats de leur territoire d’accueil en faveur de la planète. Terminus à Marseille en octobre.

C’est la rentrée des classes. Les plus jeunes se mettent en marche, cartables sur le dos, pour rejoindre l’école. Sur les routes de campagne et les départementales urbaines, quelques cyclistes pédalent. Installés sur des triplettes et des quadruplettes. Loin de la frénésie de la reprise. Ce sont les bénévoles du collectif Alternatiba, reconnaissables à leurs sweats et tee-shirts flanqués des onze lettres du nom du mouvement citoyen qu’ils représentent. Et aux drapeaux, placés à l’arrière des vélos, qui arborent leur logo.

La veille, ils ont fait escale dans le port de Sète et, ce 2 septembre, ils rejoignent la capitale de l’Hérault, Montpellier. C’est là que, parmi les acteurs locaux œuvrant comme eux à la sauvegarde de la planète, ils vont sensibiliser le grand public au dérèglement climatique. Mais surtout aux alternatives possibles et concrètes pour freiner le processus de destruction et d’extinction des ressources terrestres.

Soutenir les dynamiques locales bien souvent isolées

Ce week-end des 7 et 8 septembre, la caravane des cycles d’Alternatiba sera à Valence pour parler résilience du territoire avec les habitants engagés et ceux que la curiosité et la sensibilité poussent à venir à sa rencontre. Le Tour de France a débuté à Nantes le 4 juin dernier. Les bénévoles ont depuis parcouru plus de 3 000 km, au rythme de 30 à 60 bornes par jour. Ils ont emprunté routes planes et chemins grimpants, la camaraderie en bandoulière, pour se donner du baume au cœur quand il faut durement pédaler.

« Nous finirons notre périple de quatre mois et de plus de 5 000 km, ponctué par une centaine d’étapes, à Marseille les 4, 5 et 6 octobre. Notre embarcation, et les vélos des locaux qui se rajouteront à nous, arriveront sur la Canebière », confie Zoé Pélegry, porte-parole du mouvement citoyen. Au programme, animations et tables rondes sur les sujets et alternatives pour faire face au dérèglement climatique. « Nous parlerons aussi de la montée de l’extrême droite et des mouvements politiques dont le discours va à l’encontre du changement qu’il est préférable d’adopter ».

Alternatiba est né il y a dix ans. Le mouvement de mobilisation pacifiste autour du climat s’articule en un réseau de plus de 115 groupes locaux et 12 ‘’alternatibases’’, lieux de transition sociale et écologique. « Il n’y a que la force de mobilisation collective qui peut soutenir les dynamiques locales, souvent isolées, et faire changer les choses dans la solidarité et l’entraide. Nous agissons pour un monde juste et soutenable qui ne laisse personne de côté », commente Zoé Pélegry.

Un programme d’animations et de tables rondes initié par les locaux

Le tour de France actuel est le troisième initié par le collectif. Le premier a eu lieu en 2015. Le second en 2018. Ils ont sensibilisé des milliers de personnes et montré aux organisateurs qu’il y avait une véritable attente et une volonté manifeste de changement, de mobilisation, pour ne pas subir les affres du réchauffement climatique et baisser les bras. « Il y a plus de gens qu’on ne le croit qui souhaitent une société meilleure, plus vertueuse pour l’environnement, intégrative et égalitaire ».

Les étapes se sont construites plus d’un an et demi en amont. Les villes accueillantes se sont manifestées auprès du collectif. « Nous en avons démarché d’autres », explique encore la porte-parole du mouvement citoyen. Ce sont les habitants du territoire d’étape qui envisagent le programme des animations et les thématiques de discussion. « Il peut y avoir des tables rondes, des concerts, des ateliers, des animations… Et sur les derniers kilomètres, avant chaque arrêt, nous sommes accompagnés par des cyclistes du territoire ».

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Des combats partagés

Certaines étapes sont l’occasion de soutenir les combats locaux. Alternatiba lutte en effet contre tout projet inutile qui aggrave le dérèglement climatique. Ainsi, dans le Narbonnais, les militants cyclistes ont rejoint le combat de Greenpeace et de l’association La Sagne contre l’élaboration d’une ZAC visant à créer 830 logements sur 43 hectares de terres agricoles, de jardins potagers et de zones humides.

À Masseube, dans le Gers, la mobilisation dénonçait la construction d’un nouveau centre de tri interdépartemental qui divise la population. « Cela reste non-violent. Et nous ne nous réclamons d’aucun parti politique », tient à préciser Zoé Pélegry.

Des alternatives concrètes existent et ont fait leurs preuves

Cela n’empêche pas d’engager le débat sur l’émergence de certains groupes politiques. À Prades-le-Lez, dans l’Hérault, l’une des tables rondes s’intitulait ainsi “Quelle stratégie face à l’extrême droite et au défi climatique ?”. À Grabels, le débat s’est articulé autour de la thématique “Démocratie et actions non violentes”. « On discute beaucoup pour comprendre les votes RN afin de saisir à quel moment il y a désaccord, pourquoi tant de frustrations et les solutions pour y remédier », observe Zoé Pélegry. L’enjeu est aussi de convaincre ceux qui ne votent pas de la nécessité de se rendre aux urnes. « Nous avons des intérêts communs. Il faut s’unir pour faire face ».

Les alternatives existent et ont fait leurs preuves. Dans tous les domaines, que ce soit la mobilité, l’utilisation de l’eau, les moyens de chauffe, l’agriculture, l’alimentation… Car le tour Alternatiba sert aussi à propulser des opérations en ce sens. Ainsi, à Dunkerque, en juin dernier, les bénévoles du collectif et les acteurs locaux se sont rassemblés pour construire des bacs potagers pour des rues plus vertes et nourricières. En juillet, à Pont-et-Massène en Côte-d’Or, ils ont inauguré un verger communal pour favoriser l’alimentation saine et locale.

« On se rend compte que le dérèglement climatique touche tout le monde, et beaucoup plus les personnes précaires. Ces solutions pérennes pour la planète reposent sur une société où l’inégalité est moins criante, où le lien social prime », reprend la porte-parole du mouvement pacifiste. Le tout est d’y croire, d’y donner du sens et de passer à l’action. En balayant l’écoanxiété qui peut paralyser toute initiative. ♦

• Les prochaines étapes du tour Alternatiba.

07/09/2024 – Valence
09/09/2024 – Vienne
10/09/2024 – Villefranche
14/09/2024 – Genève
18/09/2024 – Grenoble
24/09/2024 – Roquesteron
26/09/2024 – Antibes
27/09/2024 – Breil-sur-Roya
29/09/2024 – Nice
30/09/2024 – Fréjus / Estérel
02/10/2024 – Lorgues
02/10/2024 – Draguignan
04/10/2024 – Marseille