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Des blouses pédiatriques avec les maillots de clubs sportifs
Le projet, porté par le Fonds de dotation du CHU de Montpellier, permet aux enfants hospitalisés de se rendre au bloc opératoire avec une blouse confectionnée par des couturiers locaux dans le maillot d’un sportif professionnel. Le Montpellier Handball (MHB) a ouvert le bal. D’autres clubs lui emboîtent le pas.
Luciano a des étoiles plein les yeux. Il arbore fièrement le maillot bleu du Montpellier Handball (MHB), le club de Division 1 le plus titré de France dans sa discipline. Le quotidien de ce petit garçon, âgé d’une dizaine d’années, n’est pas toujours rose. Son état de santé nécessite des soins en hôpital. Il y fait face avec courage et patience. En revêtant la blouse pédiatrique confectionnée avec le maillot d’un des joueurs du club de hand, il se sent plus fort, moins angoissé par la perspective de retourner au bloc opératoire.
Nezha Hamdi-Alaoui et l’équipe de couturiers de l’association Esprit libre qu’elle préside sont également très émus. Ce sont eux qui ont transformé le maillot que porte l’enfant en blouse. « On voit combien notre travail est utile. Et puis, Luciano vient de la Mosson, quartier de Montpellier d’où nous sommes tous originaires. Sa joie et ses remerciements nous ont d’autant plus touchés ».
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L’idée de recycler des maillots de sportifs professionnels, déjà portés ou non, pour en faire des blouses pédiatriques est né du partenariat passé entre deux fonds de dotation : le Fonds Guilhem du CHU de Montpellier et celui du MHB. « Nos missions sont d’améliorer l’accompagnement des patients, des aidants et les conditions de travail des soignants. Passer au bloc opératoire n’est agréable pour personne. Avec ce maillot-blouse, et son aspect moins médical, les enfants sont plus rassurés », explique Laura Kinselle, responsable mécénat du Fonds Guilhem.
Pérenniser le partenariat et les activités de couture
Le club, les joueurs et le fonds de dotation du Montpellier Handball ont validé pleinement le projet. « Cela s’est fait en trois mois, sans encombre, parce que nous avons tous été motivés par la cause », confie Laurent Luigi. Il est chargé de développement du Fonds de dotation du MHB, qui n’en est pas à ses premières actions d’intérêt général. « Nous engageons une trentaine de projets à l’année, en collaboration avec des acteurs du territoire dont le CHU de Montpellier ». C’était le cas quand des fonds ont été récoltés pour aider les soignants mobilisés par le Covid. Ou lorsque les handballeurs professionnels vont rendre visite aux enfants hospitalisés.

Une première fournée d’une quarantaine de maillots du MHB ont transité entre les mains des couturiers bénévoles de l’association héraultaise Esprit Libre. « L’équipe a eu la chance d’être formée et encadrée par Zineb Sellam, couturière professionnelle. Femmes, hommes, jeunes et moins jeunes du quartier de la Mosson ont transformé dans une joyeuse ambiance les tee-shirts en blouses », raconte sa présidente.
Des bulles d’air pour les habitants de la Mosson
Nezha Hamdi-Alaoui a lancé l’association dans le but de créer du lien et des bulles d’air pour les habitants, souvent isolés. Coudre le tissu glissant leur a donné du fil à retordre, pourtant chacun l’a fait sans rechigner. Une fois transformés, les maillots restent identifiables, même s’ils comportent des ouvertures sur les côtés et dans le dos, comme des blouses.
Laurent Luigi estime que les étoiles étaient alignées pour que le projet voie le jour : « L’association Esprit Libre cherchait à monter son atelier de couture et a pu le faire grâce à notre proposition ». Désormais, l’objectif est de pérenniser le partenariat et les activités de couture. « La majorité des adhérents de l’association sont bénévoles. Mais plus il y aura de maillots à traiter, plus il y aura de rémunérations pour aider l’association à finaliser ses projets », poursuit le responsable chargé du développement du fonds de dotation du MHB.
Étendre le projet à tous les services avec des enfants hospitalisés
Une prochaine livraison de maillots du MHB est d’ailleurs attendue afin de maintenir les objectifs. « La chirurgie pédiatrique est la première bénéficiaire du projet, mais nous souhaitons l’étendre à tous les services de pédiatrie. Donc cela demande beaucoup de matières premières », souligne Laura Kinselle du Fonds Guilhem. Chaque maillot-blouse sera restitué après utilisation pour être lavé et resservir. « Le fonds de roulement doit être imposant si nous voulons inclure tous les enfants hospitalisés en pédiatrie ».
D’autres clubs de sport professionnels ont emboîté le pas au MHB. L’atelier de couture a déjà récupéré les maillots des joueurs de foot du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC). Dans la foulée ont suivi ceux des Vipers, l’équipe de hockey sur glace de Montpellier. « Avec leurs maillots de plus grands gabarits, on pourra plus aisément faire des blouses pour les ados », se félicite Laura Kinselle.

Les rugbymen du Montpellier Hérault Rugby (MHR) ont fait savoir qu’ils ne verraient aucun inconvénient à être de la partie. Laurent Luigi s’en félicite. « Le MHB a été le moteur de l’opération et nous sommes très contents que d’autres clubs fassent de même. Ce n’est pas notre exclusivité ». C’est là tout l’esprit du sport. ♦
Bonus
# Un fonds pour une multitude d’actions
Le Fonds Guilhem du CHU de Montpellier existe depuis 2013. Cependant, il est pleinement actif depuis le lancement de la Maison des parents en 2017. Cette structure permet aux parents et fratries des enfants hospitalisés dans les divers établissements de soin du groupe hospitalier d’être au plus près d’eux durant leur prise en charge. « Le fonds réalise tout ce qui est autour du soin. Tout ce que l’hôpital ne peut financer en raison de son budget serré, consacré plus spécifiquement aux soins des patients », souligne Laura Kinselle, responsable mécénat du Fonds Guilhem.
Les dons collectés proviennent de particuliers, d’entreprises, d’associations, et d’autres fonds. Ils favorisent la mise en place de projets tel celui d’une Maison des femmes au CHU de Montpellier qui a ouvert en 2024. Cette structure accueille les victimes de violences conjugales et intrafamiliales, de viols, d’agressions sexuelles ou d’inceste.
Un faux IRM en pédiatrie
« Nous avons pu acquérir un IRM en jeu pour la neuropédiatrie. Il ressemble à un vaisseau spatial dans lequel les enfants peuvent dédramatiser l’examen médical qui suivra dans le vrai dispositif d’imagerie », observe Laura Kinselle. Ce faux IRM ludique permet aux enfants de s’habituer aux conditions de l’examen. Et surtout de réduire l’anxiété et par ricochet le recours aux gaz anesthésiants.
Les mécènes ont permis de réaliser 50 projets en 2024. « Il y a énormément de besoins. Nous avons en cours la rénovation de la ludothèque de pédiatrie ». Dans cet espace qui leur est réservé, les enfants hospitalisés se retrouvent pour participer à des activités, des ateliers manuels et des jeux.