AlimentationÉconomie
Pour survivre, Poiscaille a besoin de nouveaux abonnés
[au fait !] Version marine des AMAP, Poiscaille propose sur abonnement des casiers de poissons issus d’une pêche artisanale. Une offre qui a beaucoup séduit au moment du covid-19 avant de voir l’appétit des consommateurs s’étioler fortement en 2023 tandis que les charges ont considérablement augmenté. D’où des difficultés financières qui lui imposent de grossir les rangs de ses abonnés.
Le navire Poiscaille a commencé à sérieusement tanguer en 2023. Créée en 2015, l’entreprise qui propose des casiers issus d’une pêche durable et équitable subit de plein fouet l’inflation, et notamment les hausses de prix de ses prestataires, dans le transport notamment. Un poste de dépenses important puisque les casiers sont acheminés des zones de pêches (Manche, Atlantique et Méditerranée) vers l’Île-de-France avant d’être distribués dans 1800 points relais partout en France.
Dans le même temps, la demande se rétracte. Considérablement. « Entre 2019 et 2021, nous avons connu une croissance de 100%. Entre 2021 et 2022 c’était 40%. Puis depuis 2022 nous sommes à 5% », explique Charles Guirriec, cofondateur de Poiscaille. De sorte que l’entreprise a dû se séparer d’une partie de ses salariés, passant de 90 à 65 entre début 2023 et aujourd’hui.
Tempête inflationniste
En cause : l’inflation que subissent aussi les consommateurs. « Nous avons reçu beaucoup de messages de clients qui nous expliquaient vouloir arrêter leur abonnement parce qu’ils n’en ont plus les moyens financiers, ou parce qu’ils ont perdu un emploi… Il y a aussi un phénomène de reprise des restaurants et du tourisme qui font que les arbitrages des consommateurs changent ».
Une tendance enclenchée en 2023, y compris pendant la critique période des fêtes de fin d’année, et qui se poursuit en 2024. « Les clients ont également réduit leur fréquence d’achat, passant de 1,8 paniers par mois en 2020 à 1,6 aujourd’hui. En volume global, la différence est considérable ». L’entreprise a par ailleurs perdu des clients à cause de la fermeture de nombreux points relais, eux aussi en difficultés économiques. « En 2023, sur 1800 points relais, 300 ont fermé ».
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Une offre repensée
Côté offre, Poiscaille a subi les assauts d’une météo pluvieuse qui a contraint à garder les pêcheurs à quai de nombreux jours de l’année. « Pour être rentable, on a aussi privilégié des poissons moins prestigieux comme des mulets, des vieilles, des tacots », ce qui a pu lasser certains clients. Enfin, le prix de marché du poisson demeurant particulièrement élevé y compris sur des périodes habituellement creuses, Poiscaille a eu davantage de mal à convaincre les pêcheurs. D’où une offre repensée, avec des prix différenciés selon le type de poissons proposés. Poiscaille propose également des tailles différentes afin de s’adapter à tous les besoins. « Cette stratégie nous a permis d’améliorer nos résultats ».
Dans le même temps, l’entreprise est parvenue à obtenir un décalage de ses échéances auprès des banques. Mais elle a surtout besoin que les ventes soient au rendez-vous. D’où la nécessité d’accroître le nombre d’abonnés. Avec un objectif de 2 500 abonnés fin octobre. Un message posté sur les réseaux sociaux a enclenché une vague de soutien, de sorte que Poiscaille a d’ores et déjà atteint les 2 400 clients. Restera à les fidéliser. Via davantage d’accompagnement dans la préparation des recettes et une offre de poissons plus variée.
Cette augmentation des ventes est essentielle pour que prospère ce modèle et, avec lui, l’espoir d’une transformation radicale de l’économie de la pêche. Une économie économiquement viable, respectueuse des mers et des pêcheurs. ♦
♦ Envie d’embarquer aux côtés de Poiscaille ? L’entreprise vous propose de vous inscrire en utilisant le code MARCELLE qui vous donnera 15 euros de réduction sur les trois premiers paniers. Valable pour toute inscription à une formule à la semaine ou à la quinzaine.