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Quand une copropriété mène sa propre rénovation énergétique
MaPrimeRenov’, éco-prêt à taux zéro, coup de pouce chauffage, chèque énergie… Les aides à la rénovation énergétique sont nombreuses, mais il n’est pas toujours simple de savoir auxquelles on est éligible et comment les demander. À la résidence Vert-Bocage 2, à Salon-de-Provence, habitants et syndic de copropriété ont pris le problème à bras-le-corps. Les travaux seront livrés mi-juillet.
Il aura fallu un peu plus d’un an de travaux et 2,5 millions d’euros pour toucher au but. Mais mi-juillet, les cinq bâtiments de la copropriété Vert-Bocage 2 à Salon-de-Provence (soit 235 logements) auront été rénovés. Objectif : réduire la consommation et les coûts énergétiques qui flambent depuis deux ans dans cet ensemble construit dans les années 1960. Et intégrer les mesures promulguées dans la loi de 2021 portant sur la « lutte contre le dérèglement climatique » et le « renforcement de la résilience face à ses effets », dite loi Climat et Résilience. La rénovation énergétique doit donc, notamment, permettre de réduire l’impact écologique. Tout en rafraîchissant le cadre de vie.

Entre les immeubles rénovés et ceux qui sont encore dans leur jus, derrière les échafaudages, le contraste est saisissant. Et les habitants des bâtiments toujours en chantier attendent la mue avec impatience.
« Il n’y aura plus qu’à refaire la chaussée », note Nicolas Giland, directeur du syndic de l’agence salonaise Devictor Immobilier, gestionnaire de la copropriété. « Et les espaces verts », ajoute Georges Bérard, qui évoque également l’installation de bornes de recharge électrique sur le parking. Membre actif du conseil syndical, qui a impulsé ces travaux, il connaît le dossier sur le bout des doigts.
Travaux d’isolation et changement de chauffage

Ce renouveau a impliqué une isolation des combles, des planchers, ainsi que des façades. Et enfin, un abandon du chauffage urbain collectif (voir bonus), au sol. « Il y avait des inégalités flagrantes de température, selon les étages et les bâtiments, explique Georges Bérard. Des gens étaient obligés de laisser les fenêtres ouvertes en plein hiver parce qu’ils avaient 26° tandis que d’autres n’avaient que 18°. Et impossible de couper le chauffage en cas d’absence. Pour y remédier, il aurait fallu de très gros travaux. » Que la copropriété a écartés.
♦ Décarbonation : le logement social est à la pointe !
La délégation pour le chauffage arrivait à terme et les aléas administratifs compliquaient la donne. « Le délégataire, qui chauffait l’eau en grande partie grâce à de la biomasse, n’a plus pu le faire. Et il a dû recourir uniquement au gaz… Au moment, en plus, de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. On est passé de 650 euros par an de chauffage à 2000 euros ! » témoigne celui qui est propriétaire-bailleur d’un T3.
Un coup de jeune et plus de confort

Il a donc pris son bâton de pèlerin pour convaincre les copropriétaires de changer de système. Ce qui impliquait d’isoler au mieux, de refaire les gaines électriques et de s’équiper, individuellement, de chauffages électriques. « Ça a pris du temps, mais la décision a finalement été votée en mars 2022 en assemblée générale. » Et personne ne semble le regretter.
Pour Danièle, qui est propriétaire d’un appartement dans un des bâtiments rénovés depuis plusieurs mois, c’est une révolution : « D’abord l’habitat est beaucoup plus joli. Ensuite, on peut enfin couper le chauffage, se réjouit-elle, alors qu’avant il faisait trop chaud. C’est mieux isolé. On chauffe moins. Mais il faudra voir le montant de la facture d’électricité ! » « Ça a augmenté », garantit Mireille, une voisine qui a utilisé sa climatisation réversible cet hiver, sans pour autant avoir comparé le surcoût avec les charges auparavant payées pour le chauffage collectif. « Mais il faisait moins froid dans l’appartement. »
Des économies d’énergie

« Les charges annuelles ont quasiment doublé les deux dernières années, précise Georges Bérard. Mais cette année, pour un T3 rénové, l’économie était de 300 à 400 euros » a-t-il pour sa part calculé. De quoi amortir les investissements assez rapidement.
♦ Aider le bâtiment à organiser sa transition écologique
D’autant que les frais ont pu être réduits, avec l’appui de l’assistant-maître d’ouvrage Citémétrie. Un acteur indispensable pour bénéficier des aides de l’Agence nationale de l’habitat, communément désignée comme l’Anah, qui s’élèvent à 1,3 million d’euros sur ce projet. C’est lui qui a réalisé des enquêtes sociales auprès des habitants pour lister les aides financières auxquelles chacun avait droit. Et monté les dossiers pour les demander.
Des aides financières conséquentes

« On a suivi le projet dès son démarrage, explicite Chloé Malavolti, responsable de l’antenne Paca de Citémétrie. On a organisé des réunions d’information, transmis des documents, travaillé sur les différents financements mobilisables collectivement et individuellement… Puis on a donné une information complète sur les travaux, le coût et le reste à charge. Globalement, quasiment 50% du coût énergétique a été financé par le public. À cela s’ajoutent d’autres aides, notamment de la caisse de retraite pour certains. Si bien qu’une partie des propriétaires n’a presque rien eu à payer. »
Et pour ceux qui avaient davantage à débourser, un prêt collectif a été proposé avec Domofinance. « Les propriétaires ont aussi pu bénéficier d’un prêt à taux zéro et d’un prêt complémentaire à 2,7% sur 15 ans » glisse le membre du syndic. Et à en croire les habitants croisés, la note n’a pas été trop salée. Aucun n’a su dire combien cette rénovation énergétique lui avait coûté !
« Il a fallu faire beaucoup de pédagogie pour expliquer aux gens ce que l’on souhaitait faire et comment le financer. Ils avaient beaucoup de questions sur le coût », rembobine Nicolas Giland, fier de cette première rénovation énergétique collective de Devictor Immobilier. « Ça a été beaucoup de travail, en tant que « chef d’orchestre », mais ça va dans le sens de l’histoire. » ♦
Bonus
- Le chauffage urbain. Des canalisations acheminent de la chaleur produite localement, à partir d’énergies renouvelables ou de récupération, jusqu’aux logements. L’unité de production peut utiliser des énergies de récupération (la chaleur issue de l’incinération des ordures ménagères par exemple), des énergies renouvelables (combustion de la biomasse, installation de géothermie profonde pour extraire la chaleur du sous-sol…) et des énergies fossiles tels le gaz ou le fioul, qui sont le plus souvent utilisés en renfort pendant les heures de pointe, ou en remplacement lorsque cela est nécessaire.