Environnement

Par Paola Da Silva, le 23 décembre 2024

Journaliste

Repousse reboise gratuitement Nantes avec des arbres locaux

Déjà 500 arbres plantés, surtout des fruitiers, en ville, chez des particuliers ©DR

[pour les fêtes, tirée de nos réserves, une galerie de portraits façon Marcelle – 1/8]

Avec un taux de boisement de 9% quand la moyenne nationale est de 31%, la Loire-Atlantique est à la traîne. Mais en un an, la pépinière participative Repousse, co-créée par Marion Huet, a déjà planté 500 arbres à Nantes et ses alentours. Et compte plus de 70 adhérents très motivés. À terme, elle espère essaimer son modèle de plantation d’arbres locaux et gratuits dans d’autres villes de France.

Ils ont poussé au mauvais endroit. Au milieu de jardins, dans un passage, une friche… Ces bébés arbres appelés “repousses” auraient dû être détruits. L’association nantaise du même nom préfère les récupérer et les bichonner pendant un an au sein de ses familles d’accueil. Puis les replante à Nantes et dans ses alentours. « La Loire-Atlantique est l’un des départements les moins boisés de France. Son taux de boisement est de 9% quand la moyenne nationale est de 31% ».

Marion Huet, par ailleurs graphiste, a cofondé Repousse, pépinière participative, avec son compagnon Denis Eslan, ingénieur et apiculteur. « L’arbre a tout bon. C’est un climatiseur naturel, bénéfique à la biodiversité, qui apporte du bonheur visuel… Il est essentiel à notre vie, et encore plus en ville. Repousse est née de cette volonté forte d’agir concrètement pour la planète sur cette thématique de l’arbre ».

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Depuis qu’ils ont cofondé Repousse, Marion Huet et son compagnon plantent beaucoup, petit et varié © Paola Da Silva

Planter petit, un prérequis

L’idée est venue au couple lorsqu’il a emménagé à Nantes, il y a quatre ans. « On a acheté un terrain agricole de 4000 m2 à vingt minutes de Nantes. Nous avons voulu le transformer en « jardin forêt », avec des arbres sur lesquels poussent des choses qu’on peut manger ». Ils se mettent alors en quête d’arbres fruitiers et mellifères, ainsi que d’autres essences plantées pour apporter de l’ombre. « On s’est rapidement rendu compte que les arbres qu’on achetait grands en pépinière supportaient mal les aléas climatiques. En effet, ils n’ont pas de racines profondes, et il faut beaucoup les arroser. » Marion et Denis constatent parallèlement que les petits arbres poussent très vite grâce à leur système racinaire qui peut s’implanter en profondeur… et que, de fait, ils rattrapent rapidement la hauteur des grands. « Des spécialistes comme des arboristes et des paysagistes nous ont confirmé qu’il fallait, autant que possible, planter petit et varié. On s’est donc mis à ramasser de petits arbres dans des friches. Ça s’est su, et on nous en a donné. On en a eu de plus en plus. L’idée de créer Repousse est née de cette façon ».

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En un an d’existence, grâce aux points de collecte, 500 arbres ont déjà été replantés ©PDS

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500 arbres plantés en un an

Après un an d’existence, l’association Repousse compte 70 adhérents, 40 bénévoles très actifs et 500 arbres plantés. « Nous menons notre action à Nantes et dans un rayon alentour de 30 km afin de rester éco-logiques », explique Marion Huet. L’association récupère beaucoup de petits arbres* désormais, grâce aux sept lieux de collecte mis en place dans la ville. « Nous avons un tableau très précis de ce qui a été planté, où et par qui. Nous plantons en priorité en ville, chez des particuliers, et surtout des fruitiers. » Les autres essences, comme les frênes par exemple, servent à regarnir des haies bocagères, ou sont plantées dans des tiers lieux, des jardins pédagogiques… « Nous sommes en lien avec le service espaces verts de Nantes, qui nous soutient à fond. Et nous ne sommes pas non plus en concurrence avec les pépiniéristes locaux. Au contraire, ils sont souvent en pénurie d’arbres et nous encouragent. » L’activité de l’association se développant, ses membres bouturent et sèment désormais pour avoir un maximum d’arbres à donner.

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L’association compte des bénévoles amis des arbres très actifs ©DR

Modèle gratuit cherche mécènes

Actuellement, en dehors de l’adhésion, payante, toute l’action menée est gratuite au sein de l’association. « Les bébés arbres sont récupérés, les familles d’accueil sont bénévoles… même les pots de crème qui servent au rempotage viennent des cantines scolaires voisines ! », glisse Marion Huet en souriant. Or, si l’enthousiasme est de mise dans l’association, notamment lors des plantations, la bonne humeur ne suffit pas à mener l’ensemble des projets prévus à l’avenir. Car Marion Huet bouillonne d’idées. « Nous cherchons surtout des mécènes en ce moment, qui seraient prêts à nous soutenir financièrement**. On va augmenter le nombre d’arbres récupérés puis plantés immédiatement l’an prochain ainsi que les semis et boutures. Nous avons donc besoin de nous équiper et de créer un poste de coordination pour faire face à l’ampleur de la demande. Notre objectif est de 1500 plants pour l’année 2024. »

À terme, l’association Repousse espère essaimer et faire des petits ailleurs en France. Elle reçoit déjà de nombreuses demandes. « J’en ai encore eu deux aujourd’hui », confie Marion. « Les gens me disent que c’est trop bien et qu’ils veulent faire pareil chez eux. Et c’est tant mieux, il y a tellement à faire, et c’est tellement urgent ! »

*Cet article a déjà été publié au mois de mars 2024.

# Don. Les arbres récupérés doivent mesurer 1.50 m au maximum (40 cm pour les chênes), se trouver à 30 km maximum de Nantes sud et ne pas figurer dans la liste des espèces invasives locales.

# Soutien. Il est possible de soutenir financièrement Repousse via sa page Hello Asso.