Santé

Par Elisa Castel, le 7 février 2025

Journaliste

Une première patiente en rémission du VIH en France

Ce serait la huitième malade guérie dans le monde. © Photo d’illustration Pexels

Grâce à une greffe de moelle osseuse provenant d’un donneur présentant une mutation génétique clé, une sexagénaire a été guérie à Marseille de sa leucémie mais aussi, vraisemblablement, du virus de l’immunodéficience humaine (HIV).

C’est une première en France : une patiente est potentiellement guérie du VIH. Une sexagénaire suivie au Centre d’information et de soins de l’immunodéficience humaine et des hépatites virales (Cisih) de l’AP-HM (Association publique – Hôpitaux de Marseille). Séropositive depuis 1999, elle a été traitée par antirétroviraux à partir de 2010, pour empêcher la multiplication du virus et préserver des défenses immunitaires. Un protocole classique qui s’est avéré efficace. Mais elle a déclaré un cancer du sang (une leucémie myéloïde aiguë précisément) en 2020.

La greffe de moelle osseuse, bien que lourde et risquée sur un patient vulnérable, est devenue indispensable. Elle a donc été réalisée à l’Institut Paoli-Calmettes (IPC), le centre anti-cancer de Marseille, en collaboration étroite avec le Cisih. Et l’a guérie de la leucémie, mais peut-être aussi du VIH. « Peut-être », car les médecins manquent encore de recul pour être plus affirmatifs et parlent pour le moment de rémission. Car depuis octobre 2023, elle ne prend plus d’antirétroviraux et les marqueurs du virus restent négatifs.

Une mutation génétique rare

Un résultat que l’équipe médicale espérait ardemment. Elle avait en effet trouvé un donneur présentant une mutation du gène CCR5 qui empêche le VIH de pénétrer dans les cellules pour les détruire et anéantir les défenses immunitaires. Comme cela avait été démontré dans six des sept cas guéris jusque-là dans le monde. Malheureusement, cela ne fonctionne pas sur tous les patients, probablement parce que la réussite est multifactorielle.

Par ailleurs, une telle greffe de moelle osseuse ne peut concerner que les malades du VIH également atteints d’un cancer. En sachant que très peu de donneurs présentent la mutation du gène CCR5. Mais il sera peut-être possible, un jour, de la provoquer. Les pistes à explorer sont encore très nombreuses et ce résultat ouvre des perspectives. ♦

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