Au fait !Bref

Par Nathania Cahen, le 25 août 2024

Journaliste

« Agir pour le Vivant » et pour un avenir plus écologique…

Anne-Sylvie Bameule : « Lors des festivals, une couleur se dégage, les interventions trouvent leur logique. On assiste à une transformation intérieure, chacun sent bouger des choses en lui » ©DR
[au fait !] Créé en 2020 à Arles par les éditions Actes Sud, le festival Agir pour le vivant mixe des réflexions et des rencontres pour modeler une société plus solidaire. Entre les hommes. Entre les hommes et leur environnement aussi. Un ancrage local mais une conversation monde qui diversifie les points de vue. Car c’est en (multipl)liant les luttes que l’on redonnera à l’écologie et à la politique leur sens premier : habiter la Terre de la manière la plus respectueuse et solidaire possible. Et choisir collectivement les valeurs du vivre ensemble.

Le festival affiche des intentions ambitieuses : comment se réapproprier une puissance d’agir citoyenne, écouter ce que les territoires ont à dire pour dessiner des cartes de territoires vivants, réorganiser le travail pour entendre les revendications des premiers concernés, prendre en charge collectivement nos subsistances pour s’émanciper d’infrastructures mortifères, décoloniser la pensée au profit du concept de réalité, anéantir le désir de posséder, faire alliance avec le reste du vivant, déverrouiller la complicité de l’économique et du politique, de l’intérêt privé et de l’Etat, protéger la paysannerie, comment lutter ensemble ?

Un écosystème d’experts

Pour répondre à ces questions, un écosystème d’experts publiés par Actes Sud (penseurs, militants, scientifiques, chefs d’entreprise, acteurs publics, artistes…) se réunit chaque fin d’été dans la cité arlésienne pour croiser idées et expérience. La palette des thématiques est des plus vastes – accaparement des terres, économie régénérative, écoféminisme, alliance entre humanité et biodiversité, justice sociale et environnementale, refondation démocratique, habitabilité des territoires, pensée des communs, entreprenariat solidaire… De quoi nourrir, influencer les modèles politiques présents et à venir. Proposer des solutions et des voies concrètes.

On pourra lors de cette 5e édition (qui se tient du 26 août au 1er septembre) y écouter notamment l’artiste et écrivain Alejandro Jodorowsky, l’afroféministe et activiste colombienne Maria Campo, la philosophe Vinciane Despret, ou encore les écrivains Marin Fouqué, Samira Negrouche et Nancy Houston. Le programme, avec tous ses participants, est en ligne ici.

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Une palette de thématiques des plus vastes – accaparement des terres, économie régénérative, écoféminisme, alliance entre humanité et biodiversité, justice sociale et environnementale etc. ©DR

Pas de thématique, plutôt une conversation qui se poursuit

Le principe de ce festival est né dans les locaux d’Actes Sud, imaginé par un quatuor de la maison : Françoise Nyssen, Jean-Paul Capitani, Alain Thuleau et Anne-Sylvie Bameule. Cette dernière, aujourd’hui présidente du directoire de la maison d’édition arlésienne, y dirigeait alors la non fiction : « Nos auteurs regrettaient de ne pas se rencontrer, de ne pas disposer d’un espace où échanger les idées, questionner l’autre. La graine était plantée », rembobine-t-elle.

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Anne-Sylvie Bameule ©DR

Les éditions ne sont pas échafaudées sous l’égide de telle ou telle thématique, « mais construites dans le prolongement de la précédente. Et puis lors des festivals, une couleur se dégage, une cohérence se met en place, les interventions trouvent leur logique. On assiste à une transformation intérieure, chacun sent bouger des choses en lui ».

Arles, parce que l’idée y a germé. « Aussi parce qu’on y trouve un territoire pilote qui agrège les problématiques du sud dont le dérèglement climatique, l’agriculture, un mélange social, des acteurs de territoire dynamiques, que nous avons associé dès le début à ces rencontres ».

♦ Lire aussi l’article : S’inspirer du vivant pour mieux le préserver

Un kaléidoscope de formats

Le festival déroule cinq journées très remplies, où se succèdent des formats très variés tournant autour de quatre axes.

Penser le vivant, pour favoriser les rencontres et les réflexions pour dessiner une société du vivant, en faisant dialoguer les disciplines et en mêlant auteurs, philosophes, chercheurs, économistes, militants, politiques et dirigeants d’entreprises… Concrètement : des conférences, des débats, des tables rondes, des formats plus intimes comme “un café avec…” etc.

Fabriquer l’action et réunir les acteurs du territoire, entreprises et citoyens, à même de faire émerger de nouvelles méthodologies d’actions en multipliant les temps de travail et d’expérimentations. Concrètement : des ateliers entreprises, des résidences de travail avec les partenaires, des résidences d’écriture et de création, des ateliers découverte pour le grand public.

« Agir pour le Vivant » et pour un avenir plus écologique…S’engager grâce à des programmes éducatifs, pédagogiques et de sensibilisation sur mesure pour les citoyens et citoyennes. Afin de contribuer à développer l’engagement autour des enjeux socio-environnementaux contemporains (l’Université du vivant, le jeu citoyen…)

Et enfin célébrer, en favorisant l’émergence de nouveaux imaginaires et de nouveaux formats pour sensibiliser le plus grand nombre. Notamment en mobilisant des artistes, auteurs, étudiants, activistes et les voix qui renouvellent les approches sur ces sujets.
Concrètement : des soirées et des spectacles, des performances, des expositions, des projections (films et documentaires), etc.

  • Le 12 septembre à Bordeaux, Imagine Festival rassemblera activistes et entrepreneurs engagés pour l’environnement, avec l’ambition de bâtir un avenir plus durable et respectueux du vivant.

Concrètement

Le site de la manifestation assure que, depuis trois ans, « on ne compte plus les projets ayant émergé des rencontres faites à Agir pour le vivant : ouvrages collectifs, podcasts, associations, programmes d’action, prise en compte des enjeux dans les entreprises et les organisations… ».

Anne-Sylvie Bameule y ajoute la confirmation du format « université du vivant », « dans l’esprit convention citoyenne, étayé de cas concrets – comment s’engager, concevoir un collectif…». Avec plus d’une centaine d’étudiants conviés.

Elle conclut : « Agir pour le vivant n’est pas du dogmatisme, mais une nourriture, une expérience dans laquelle piocher. Car l’engagement vient de l’inspiration » ♦